18 août 1944
Squadron Leader Eugeniusz HORBACZEWSKI
"Mustang III" # PK-K
Squadron 315 "Debliński" de la Polish Air Force
Velennes (Oise)
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In English
Eugeniusz Horbaczewski était né le 28 septembre 1917 à Kiev (désormais en Ukraine) de parents polonais.
Attiré par l’Aviation, il obtint en 1935 son brevet de pilote de planeur sur le terrain d’Ustianowa avant de poursuivre, en 1936, ses études secondaires à Brzesc (aujourd’hui Brest-Litovsk, en Biélorussie).
En 1937, à Bielsko-Aleksandrowice, il débuta son apprentissage de pilote d’avion à moteur.
En janvier 1938, il rejoignit l’Ecole des Cadets des Forces Aériennes Polonaises de Deblin.
Le 1er septembre 1939, il obtint son brevet de pilote de chasse de l’Armée de l’Air polonaise, le jour même où l’Armée allemande envahissait son pays sans déclaration de guerre. Bien que débutant, il effectua entre le 9 et le 11 septembre, 3 missions de reconnaissance au cours de la Bataille de Pologne.
La rapide défaite de l’Armée polonaise face à l’envahisseur allemand fit naître chez lui un profond sentiment de revanche. Le 17 septembre, sans déclaration de guerre, l’Armée soviétique entrait, à son tour, en Pologne. Fin octobre, après bien des difficultés et comme bon nombre d’aviateurs polonais, il parvint à gagner la Roumanie puis, via la Yougoslavie et la Grèce, il rejoignit la France et la base de Bordeaux-Mérignac.
Le 10 mai 1940, la Wehrmacht attaquait à l’Ouest. Six semaines plus tard, la défaite était consommée sur le sol français. Le 22 juin, l’armistice était signé dans la clairière de Rethondes, près de Compiègne.
Le 24 juin, le S/Lt Horbaczewski parvint in extremis, avec de nombreux compatriotes, à embarquer à bord de l'Arandora Star, depuis le port de Saint Jean-de-Luz, à destination de Liverpool, en Angleterre, afin de poursuivre la lutte.
Au cours de l’été 1940, il était intégré dans la Royal Air Force et rejoignit l’école de pilotage de Bristol pour y suivre un entrainement accéléré sur le matériel britannique.
Le 15 juillet 1941, il était transféré pendant quelques jours à la 18 OTU spécialisée dans l’entrainement des pilotes de bombardiers avant d’intégrer la 58 OTU qui formait les pilotes de chasse sur le fameux Spitfire.
A la fin août 1941, Eugeniusz Horbaczewski fut affecté au Squadron polonais 303 “Kościuszko”, intégré dans la Royal Air Force. Au sein de ce Squadron débutèrent ses missions de guerre au dessus de la Manche face à une Luftwaffe alors à son zénith. A bord de son Spitfire Mk V, il enregistra sa première victoire homologuée le 4 avril 1942 en abattant un Focke-Wulf 190 au dessus du Pas-de-Calais. Il obtint sa deuxième victoire le 16 avril puis une troisième le 19 août lors de l’opération Jubilee à Dieppe. Il se révéla alors un pilote doué.
A partir du 10 septembre 1942, il rejoignit le Squadron 302 “Poznański”. Les combats aériens étaient usants. A cette période, il avait déjà effectué 65 missions de guerre. Mis au repos, il retourna le 3 décembre 1942 à la 58 OTU, cette fois en tant qu’instructeur, avec le grade de Flying Officer.
Au début de l’année 1943, il se porta volontaire pour aller combattre l’Afrikakorps. En Tunisie, il forma, avec d’autres pilotes polonais, le fameux “Skalski Circus”. Volontaire certes mais retenu après une sélection drastique de 16 pilotes.
Polish Fighting Team en Tunisie - Eugeniusz Horbaczewski est assis à gauche
Au sein du “Polish Fighting Team” sous le commandement du S/Ldr Stanislaw Skalski, le talent de chasseur d’Eugeniusz Horbaczewski éclata littéralement. En moins de deux mois (du 18 mars au 12 mai), les intrépides pilotes polonais, à bord de leurs Spitfire Mk IX, créèrent la sensation auprès du haut-commandement allié en détruisant 25 appareils de la Luftwaffe et de la Regia Aeronautica italienne + 3 probables. Le lieutenant Horbaczewski fut le pilote le plus performant du “Cirque Skalski” avec 5 victoires : quatre Messerschmitt-109 et un bimoteur Junkers 88 tombèrent sous le feu de ses mitrailleuses en 41 missions de guerre. Depuis le début du conflit, il totalisait 8 victoires homologuées. En haut-lieu, sa vista était remarquée.
Après la dissolution du “Polish Fighting Team”, Eugeniusz Horbaczewski demeura sur le front méditerranéen tandis que la plupart des autres pilotes rejoignirent la Grande Bretagne.
L’Afrique du Nord libérée, il quitta la Tunisie pour Malte. Il intégra d’abord le Squadron 601 de la Royal Air Force puis rejoignit le 6 juillet 1943 le Squadron 43 de la Desert Air Force dont il prit le commandement le 9 août. Dans le ciel de Sicile et du sud de l’Italie il abattit de nouveau trois appareils ennemis.
Le 20 octobre, il fut finalement rappelé en Grande Bretagne où se préparait, sous le sceau du secret, l’invasion alliée du continent, quelque part entre le nord de la Bretagne et le littoral belge.
A la fin de l’année 1943, Eugeniusz Horbaczewski comptait11 victoires + 1 victoire probable + 1 avion ennemi endommagé.
Courant janvier 1944, il fut affecté sur la base de Northolt pour sa conversion sur un nouvel appareil, le North American Mustang III.
Le 15 février, il prit le commandement du Squadron 315 “Debliński” au sein de la 2e Tactical Air Force, de création récente, pour les besoins exclusifs du futur débarquement. Il fut promu officiellement Squadron Leader.
Le 20 février, à la tête de son Squadron, débutèrent ses missions. 57 autres allaient se succéder au dessus de la France, du nord de l’Europe, jusqu’en Norvège, menant de périlleuses attaques à basse altitude sur des gares de triage, des installations portuaires et autres places fortes nazies, toutes hérissées de la redoutable Flak : défense contre avions très dense.
F/Lt Przymienski, F/O Swistun, S/Ldr Horbaczewski, F/O Nowosielski, F/Lt Cwynar, W/O Jankowski and W/O Bedkowski .
Après le Débarquement de Normandie du 6 juin 1944, une autre tâche ardue s’ajouta aux aviateurs du Squadron 315 : chasser dans le ciel anglais les V1, bombes volantes nazies très meurtrières, qui terrorisaient et tentaient de démoraliser les populations civiles. Le S/Ldr Horbaczewski s’en adjugea quatre.
La bataille de Normandie faisait rage. Le 22 juin, la presqu'île du Cotentin était occupée en partie par les troupes américaines. Seule la ville de Cherbourg et son port en eau profonde de haute importance stratégique étaient toujours sous l’emprise des Allemands. Leurs solides lignes de défense, où étaient concentrés de nombreux chars, des positions d'artillerie et des centaines de nids de mitrailleuses, résistaient toujours farouchement face aux Alliés. Le Squadron 315, mené par le S/Ldr Eugeniusz Horbaczewski, avait pour mission de réduire les forces allemandes. Les Mustang III allaient devoir larguer leurs bombes sur des unités blindées lors de la première attaque et mitrailler les positions ennemies lors de la seconde avant de quitter le secteur. L'aviation américaine et britannique prendraient ensuite le relais.
Au cours de l’attaque, les pilotes polonais subirent des tirs anti-aériens très intenses. Certains déclarèrent par la suite qu’ils se blottissaient dans leurs Mustangs tant ils étaient cernés d'essaims de projectiles traceurs et incendiaires et d'éclats d'obus. Le P/O Henryk Stefankiewicz perdit la vie au cours de l’attaque lorsqu’il fut abattu par la Flak. Le Mustang du W/O Tadeusz Tamowicz fut sévèrement atteint par l'artillerie antiaérienne au moteur et dans le fuselage. Il informa aussitôt par radio son Squadron-Leader qu’il devait atterrir d’urgence car son moteur ne fonctionnait plus. Sous la protection d’Horbaczewski, il réussit à atterrir train rentré dans une zone marécageuse mais rapidement son Mustang commença à s’enfoncer dans la vase. Bien que blessé aux jambes le W/O Tamowicz parvint à s’extraire rapidement du cockpit puis, pataugeant jusqu'à la taille dans l'eau et la boue, se dirigea vers des buissons à proximité. Il ôta ses effets de vol qu’il fit sécher au soleil et fit signe à Horbaczewski qui le survolait. Celui-ci avait remarqué qu’à proximité, les Américains étaient en train de construire un nouvel aérodrome près d’Azéville. Il survola la piste à basse altitude en agitant les ailes pour indiquer qu’il allait atterrir, vira au loin puis posa son Mustang avec précision.
Les Américains, apercevant les damiers rouges et blancs du Mustang, comprirent qu'un chasseur polonais avait atterri. Immédiatement, ils accoururent vers Horbaczewski qui expliqua la raison de son atterrissage et demanda qu’on lui fournisse une Jeep. Au volant du véhicule, il se dirigea vers le secteur où l’appareil de son co-équipier s’était abîmé mais ne put s’approcher du W/O Tamowicz. Il dut parcourir environ quatre cents mètres à pied, s’enfonçant dans la boue avant de l’atteindre. A sa grande surprise, Tamowicz aperçut soudain son Squadron-Leader venir le secourir. Le Mustang avait entre temps disparu dans le marécage. Tamowicz se rhabilla et s'accrocha fermement à l'épaule d’Horbaczewski et tout en pataugeant dans le marais, tous deux regagnèrent la Jeep puis quelques minutes plus tard le terrain d’aviation.
Tamowicz fut stupéfait de la décision prise par son Commandant qui avait décidé de le ramener en Angleterre. Bien que prévu pour un seul homme, Tamowicz se plaça sur le siège du Mustang avant qu’Horbaczewski ne s’asseye soigneusement sur les genoux de son compagnon sous les yeux ébahis des Américains. Rejoignant l’extrémité de la piste, l’appareil décolla plein gaz en direction de l’Angleterre sous les acclamations des soldats américains qui avaient assisté à la scène.
Sur la base de Coolham, le personnel de la base était réjoui de voir enfin atterrir le Mustang de leur Squadron-Leader. Se précipitant auprès de leur Commandant, ils furent éberlués de voir deux hommes s’extraire du cockpit. Le W/O Tamowicz fut rapidement pris en charge par l’équipe médicale et soigné.
Ceux qui assistèrent à cette scène inouïe se sont toujours souvenus de l’action héroïque et du panache d’Eugeniusz Horbaczewski. Ce sauvetage peu commun est resté dans les annales de la Royal Air Force.
Au cours de l’été 1944, les pilotes polonais du Squadron 315 effectuaient également des missions d’escorte de bombardiers vers les lointains ports de Norvège. Le S/Ldr Eugeniusz Horbaczewski, surnommé “Dziubek”, remplissait pleinement son rôle, conseillant la prudence aux néophytes impétueux qui étaient là pour apprendre. Ces raids s’avéraient souvent difficiles. Sur ces objectifs, la Flak était plus que dense. Le retour était long avec parfois certains appareils endommagés.
Fin juillet, son palmarès s’était encore étoffé, totalisant à ce moment 14 victoires (dont 1 partagée).
Vendredi 18 août 1944, la mission “Rodeo 385” était décidée par le Fighter Command. Pour les pilotes du Squadron 315, ordre leur était donné de patrouiller dans le triangle formé par les cités de Boulogne-sur-Mer, Le Havre et Paris et d’y détruire toute cible au sol comme dans les airs.
Le S/Ldr Horbaczewski souffrait depuis plusieurs jours d’une forte bronchite avec fièvre mais passa outre l’avis médical qui tentait de le dissuader de voler. Horbaczewski avait, cette fois, le pressentiment qu’en cas d’affrontement avec l’ennemi, il n’en reviendrait pas. Il décida cependant d’effectuer la mission prévue.
Sur la base de Brenzett, 12 “Mustang III” du Squadron 315 décollèrent aux environs de 7h15 puis mirent le cap en direction de la Manche : code-radio “Central” !
Outre le S/Ldr Eugeniusz Horbaczewski, participaient à la mission : le F/O Bożydar Nowosielski, le F/Sgt Jakub Bargiełowski, le F/Sgt Bolesław Czerwiński, le F/Lt Henryk Pietrzak, le W/O Tadeusz Słoń, le P/O Gwidon Świstuń, le F/Sgt Kazimierz Siwek, le F/Lt Jerzy Schmidt, le F/Sgt Kazimierz Kijak, le F/O Piotr Kliman et le P/O Aleksander Judek.
La côte française fut franchie à la verticale de Ault (Somme). Un passage et une éventuelle attaque du terrain d’aviation d’Abbeville-Drucat étaient prévus mais la base semblait déserte… Les pilotes polonais prirent alors la direction de Beauvais-Tillé, un aérodrome dangereux, au-dessus duquel, par le passé, la Royal Air Force avait subi des pertes.
Il était environ 8 heures 10. Au dessus de Beauvais, au moins trois dizaines d’avions ennemis se présentèrent à eux… Bien que le silence radio était rompu, les pilotes du Squadron 315 n’entendirent pas comme d’habitude leur Leader leur donner les dernières directives, les conseiller et les orienter dans le combat… Ces appareils étaient des Focke-Wulf 190 A8 de la JG 26. D’autres étaient aperçus en train de décoller, à quelques secondes d’intervalle, tout en faisant onduler l’herbe de l’aérodrome de Beauvais-Tillé.
La mauvaise surprise fut totale pour les aviateurs allemands. Ayant largué leurs réservoirs supplémentaires, les Polonais surgissaient du soleil, fondaient sur l’ennemi et le prirent littéralement à la gorge… Bien que fiévreux, grippé et avec de surcroît une radio en panne, leur leader menait son Squadron de main de maître avec ses onze équipiers faisant corps. Du côté allemand, une débandade inhabituelle gagna les escadrilles au décollage ou déjà en l’air. Eugeniusz Horbaczewski abattit, coup sur coup, deux Focke-Wulf 190.
Après un renversement violent, un autre Focke-Wulf se présenta dans son collimateur et tomba rapidement en flammes. Un quatrième fut sérieusement atteint. Le combat aérien faisait rage et dura environ 15 minutes. Les aviateurs polonais firent des ravages puis brusquement le combat cessa.
Très vite les pilotes du Squadron 315 s’aperçurent de l’absence de leur Squadron Leader. Tous l’avaient vu abattre trois appareils ennemis mais personne, dans les attaques suivantes, ne l’avait vu disparaître. Ils revinrent survoler les lieux sans rien observer le concernant. Le cœur gros, les pilotes polonais se regroupèrent autour du F/Lt Pietrzak puis regagnèrent l’Angleterre. Les seize Focke-Wulf 190 revendiqués comme détruits n’atténuèrent pas leur immense tristesse. Qu’était-il advenu du S/L Eugeniusz Horbaczewski ? Avait-il été forcé d’atterrir, avait-il sauté en parachute ? Avait-il été recueilli par des Français ou était-il prisonnier des Allemands ? Le mystère de sa disparition demeurait.
Bilan de l'attaque :
S/Ldr Horbaczewski |
PK-K |
3 FW-190 |
|
F/Sgt Siwek |
PK-B |
3 FW-190 |
|
F/Lt Pietrzak |
PK-A |
2 ½ FW-190 |
|
F/Sgt Bargiełowski |
PK-I |
2 FW-190 |
2 FW-190 endommagés |
W/O Słoń |
PK-O |
1 ½ FW-190 |
|
F/O Nowosielski |
PK-X |
1 FW-190 |
|
P/O Świstuń |
PK-U |
1 FW-190 |
1 FW-190 probablement détruit |
F/Sgt Kijak |
PK-M |
1 FW-190 |
1 FW-190 endommagé |
F/Lt Schmidt |
PK-Z |
1 FW-190 |
A Velennes, petit village situé à proximité de la base de Beauvais-Tillé, trois jeunes garçons, Daniel Loncke 14 ans, Constant Loncke 7 ans, se trouvaient devant le portail de la ferme familiale en compagnie de leur copain Michel Lasne 8 ans. Habitués aux combats aériens se déroulant au-dessus de leurs têtes, ils observèrent celui de cette matinée du 18 août assez distraitement malgré son ampleur. Soudain, les gamins entendirent un moteur d’avion faisant un sifflement anormal. Derrière un rideau d’arbres, un énorme bruit sourd était perçu, suivi d’un gigantesque nuage de fumée noire montant haut vers le ciel… Aucune explosion ! Dans les minutes suivantes, les enfants apprirent qu’un appareil du combat aérien, parti en piqué, s’était fiché profondément dans la terre meuble d’un champ. L’appareil était brisé en deux parties. Le moteur était totalement enfoui, comme disparu. Le fuselage était cassé au niveau du cockpit, presque intact, laissant apparaitre la cocarde britannique.
Le site du crash à Velennes
Vers 9h30, la fumée cessa de s’échapper de l’épave mais personne n’osait encore trop s’approcher de l’appareil allié. Le cockpit paraissant vide, la majorité des témoins, tout comme les Allemands, pensaient que le pilote avait dû sauter en parachute. Des “rampants” de la Luftwaffe récupérèrent les mitrailleuses dans les ailes détachées du fuselage.
A l’approche de la soirée, sur le lieu du crash, la plaine de Velennes retrouva le calme après l’effervescence dramatique commencée tôt le matin. Après 16h30, plus aucun villageois ne déambulait, plus aucun soldat allemand ne s’affairait autour de l’avion.
C’est à ce moment qu’apparurent sur le lieu du sinistre cinq enfants d’une dizaine d’années, comme un symbole ami. Michel Lasne, accompagné de son frère et de ses sœurs, déposèrent un gros bouquet de dahlias près de l’épave de l’appareil sans pilote… puis partirent rapidement.
Pour les deux copains, le drame du 18 août 1944 demeure un souvenir indélébile.
En cette fin août 1944, la Libération était imminente. Tout le monde oublia l’avion. L’heure était à la joie d’être bientôt libéré. L’Armée britannique étant aux portes de Beauvais, les Allemands firent sauter leurs installations à Beauvais-Tillé avant d’évacuer. La fin de quatre années de misère approchait.
En octobre, l’agriculteur propriétaire du champ attela ses chevaux et leur fit tirer l’arrière du fuselage avant de reboucher le trou contenant le moteur. Il put ensuite cultiver de nouveau.
A l’orée de l’année 1946, les camps de prisonniers situés en Allemagne se vidèrent mais il n’y avait toujours aucune trace du Squadron Leader Eugeniusz Horbaczewski.
Fin 1946, une Commission de recherche des aviateurs disparus de la Royal Air Force, en coopération avec la Croix-Rouge française, effectua des recherches dans le secteur de Beauvais-Tillé.
Le 3 mars 1947, les restes identifiés de l’officier polonais étaient finalement retrouvés sur le lieu du crash à Velennes. Dans l’extrême violence du choc, le corps du pilote s’était glissé sous le moteur de son appareil demeuré en terre. Sa dépouille fut inhumée le lendemain à Creil où il repose depuis ce temps auprès de 54 autres aviateurs de la Royal Air Force tombés dans le bassin creillois, et pour la plupart, au cours de la terrible année 1944.
Sa tombe dans le cimetière de Creil (Oise)
Troisième plus grand As de l’Aviation de chasse polonaise de la Seconde Guerre mondiale, le S/Ldr Horbaczewski totalisait 250 missions de guerre pendant lesquelles il obtint 16 victoires homologuées + 1 victoire partagée + 1 victoire probable + 1 appareil ennemi endommagé ainsi que 4 bombes volantes V1 abattues.
Il est titulaire des plus hautes décorations britanniques et polonaises.
Distinguished Service Order (DSO) – britannique
Distinguished Flying Cross + bar (DFC) – britannique
Virtuti Militari (2 en argent + 1 en or à titre posthume) – polonaise
Croix de la Valeur Militaire + 3 palmes (4 fois) – polonaise
Le 23 juin 2018, une stèle en hommage au Squadron Leader Eugeniusz Horbaczewski a été dévoilée dans le village de Velennes (Oise).
Eté 1944
Saint Leu-d'Esserent dans la tourmente
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In English
Petit-Thérain : bombardement du 28 mars 1944 vers midi par la 9th USAAF (source NARA)
Photo de reconnaissance aérienne datant du 13 juin 1944
Squadron 50 de la Royal Air Force : embarquement pour une mission de nuit
Date |
Type d’avion |
Serial number |
Squadron |
Objectif |
Tués |
Prisonniers |
Evadés |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | LL785 | 9 | Saint-Leu | 8 | - | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | ME699 | 44 | Saint-Leu | 6 | - | 2 |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | PB195 | 49 | Saint-Leu | 7 | - | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | JB486 | 57 | Saint-Leu | 7 | - | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | JB723 | 57 | Saint-Leu | 7 | - | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | EE186 | 61 | Saint-Leu | - | 5 | 2 |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | ME832 | 106 | Saint-Leu | 6 | - | 1 |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | ND339 | 106 | Saint-Leu | 1 | 2 | 4 |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | LM125 | 207 | Saint-Leu | 7 | - | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | ND570 | 207 | Saint-Leu | 6 | 1 | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | HK536 | 463 | Saint-Leu | 7 | - | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | ME614 | 463 | Saint-Leu | 8 | - | - |
4-5 juillet 1944 | Lancaster | ME867 | 630 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | JA690 | 9 | Saint-Leu | 1 | - | 7 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | JA957 | 9 | Saint-Leu | 6 | - | 1 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | JB116 | 9 | Saint-Leu | 4 | 3 | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LM631 | 44 | Saint-Leu | 2 | - | 5 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME634 | 44 | Saint-Leu | 2 | 3 | 2 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME859 | 44 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LL976 | 49 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LM541 | 49 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | PB207 | 49 | Saint-Leu | - | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | DV227 | 50 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | DV363 | 50 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | PA996 | 50 | Saint-Leu | 6 | - | 1 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | JB370 | 57 | Saint-Leu | - | 3 | 4 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LM522 | 57 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME868 | 57 | Saint-Leu | 3 | 1 | 2 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ND867 | 61 | Saint-Leu | 5 | 1 | 1 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | R5856 | 61 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ND966 | 83 | Saint-Leu | 5 | 1 | 1 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | JB641 | 106 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME668 | 106 | Saint-Leu | 4 | 3 | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME789 | 106 | Saint-Leu | - | 6 | 1 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME831 | 106 | Saint-Leu | - | 2 | 5 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | PB144 | 106 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LM129 | 207 | Saint-Leu | 3 | 3 | 1 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LM218 | 207 | Saint-Leu | 5 | - | 2 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME805 | 207 | Saint-Leu | - | 2 | 5 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ND567 | 207 | Saint-Leu | 5 | 1 | 1 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ND866 | 207 | Saint-Leu | 6 | 1 | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LM219 | 467 | Saint-Leu | 6 | - | 2 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | LM338 | 467 | Saint-Leu | 7 | - | - |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ME745 | 619 | Saint-Leu | 2 | - | 5 |
7-8 juillet 1944 | Lancaster | ND688 | 630 | Saint-Leu | 6 | 1 | - |
3 août 1944 | Lancaster | PA162 | 61 | Saint-Maximin | 6 | - | 1 |
3 août 1944 | Lancaster | ME839 | 166 | Saint-Maximin | 5 | 1 | 1 |
3 août 1944 | Lancaster | PB125 | 460 | Saint-Maximin | 7 | - | - |
3 août 1944 | Lancaster | ME568 | 619 | Saint-Maximin | 7 | - | - |
3 août 1944 | Lancaster | LM163 | 625 | Saint-Maximin | 2 | 4 | - |
4 août 1944 | Lancaster | PA983 | 635 | Saint-Maximin | 8 | - | - |
4 août 1944 | Lancaster | ND811 | 635 | Saint-Maximin | 3 | - | 4 |
5 août 1944 | Halifax | LL594 | 425 | Saint-Leu | 6 | 1 | 1 |
5 août 1944 | Halifax | MZ828 | 433 | Saint-Leu | 2 | - | - |
TOTAL DES PERTES | 54 | 264 | 45 | 62 |
Source : J-P Mathieu
8 juillet 1944
Boeing B-17G # 43-37747
452nd Bomb Group
729th Bomb Squadron
8th Air Force
Boubiers (Oise)
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Le Débarquement des troupes anglo-canadiennes et américaines s'était déroulé depuis le 6 juin mais la bataille faisait toujours rage en Normandie. L’offensive aérienne stratégique alliée se poursuivait et s’intensifiait quotidiennement, de jour comme de nuit, dans le ciel de France et de l’Ouest de l’Europe.
En ce 8 juillet 1944, la cible prioritaire définie par le 8e Bomber Command américain était le bombardement de la gare de triage de Rouen. Les Boeing B-17 « Forteresses volantes » du 452nd Bomb Group, basé à Deopham Green, furent désignés pour participer, parmi d’autres, à ce raid.
Au cours du briefing, les jeunes équipages prirent connaissance de l’objectif. A leur grand soulagement, il se situait proche des côtes de France. A priori, cette mission ne s’annonçait pas comme la plus difficile, contrairement aux jours précédents où ils avaient dû pénétrer profondément au dessus du territoire du Reich.
Tôt dans la matinée, chargés chacun de leur deux tonnes de bombes, les appareils décollaient un à un puis s’assemblaient en formation au dessus de l’Angleterre avant de mettre le cap vers la France.
Parmi ces équipages se trouvait celui du B-17 # 43-37747 :
1st Lt Everett G. HANSON Jr | Pilote | 20 ans | Mort au combat | East Blackstone, Massachusetts |
2nd Lt James H. HEINZEN | Copilote | 26 ans | Mort au combat | Wayzata, Minnesota |
2nd Lt Leonard S. MARCUS | Navigateur | 26 ans | Mort au combat | Worcester, Massachusetts |
1st Lt Donald J. LYMA | Bombardier | 19 ans | Mort au combat | Sacramento, Californie |
T/Sgt George I. GRISSOM | Mitrailleur supérieur | 20 ans | Mort au combat | Hammond, Indiana |
T/Sgt Chester L. POOL | Opérateur-radio | 20 ans | Mort au combat | Oklahoma City, Oklahoma |
S/Sgt Lloyd P. POHRTE | Mitrailleur ventral | 19 ans | Mort au combat | Berwyn, Illinois |
S/Sgt Russell D. JONES | Mitrailleur latéral droit | 21 ans | Mort au combat | Baltimore, Maryland |
S/Sgt Arthur SCHULZE | Mitrailleur latéral gauche | 25 ans | Prisonnier | Chicago, Illinois |
S/Sgt Van J. McMANUS | Mitrailleur de queue | 19 ans | Mort au combat | York, Caroline du Sud |
S/Sgt Russell D. JONES S/Sgt Arthur SCHULZE S/Sgt Van J. McMANUS
Aux commandes de l’appareil, le 1st Lt Everett G. Hanson Jr était un pilote expérimenté malgré son jeune âge. C’était sa 32e mission, comme pour la plupart des membres de son équipage.
Stationné en Angleterre depuis le mois de mai, cet équipage était désormais très soudé et aguerri. Chacun éprouvait une totale confiance envers l’autre.
Ce 8 juillet revêtait un aspect particulier pour le 1st Lt Hanson : c’était son vingtième anniversaire. Si la mission venait à se dérouler parfaitement, il le fêterait au mess du Squadron avec les membres de son équipage après le retour à la base. Il ne leur resterait alors plus que trois missions à effectuer avant de pouvoir enfin rentrer au pays et retrouver leurs proches.
Les formations de bombardiers survolaient maintenant la Manche. La météo se dégradait progressivement. Des couches nuageuses obligeaient les appareils à perdre de l’altitude entraînant une certaine désorganisation au sein des formations.
Dès le franchissement de la côte française, la Flak, la défense antiaérienne allemande, se déchaîna, tentant d’abattre les appareils qui s’alignaient pour la phase finale d’approche.
Il n’était plus question de dévier de la trajectoire. Malgré les éclatements des obus de gros calibre de la Flak qui entouraient et frappaient les appareils, il fallait maintenir le cap, droit vers l’objectif.
Parvenus au dessus de la cible, à haute altitude, celle-ci était masquée par les nuages. Le bombardement s’avèra impossible.
Certains appareils, dont celui piloté par le 1st Lt Hanson, mirent alors le cap au sud-est en direction de Mantes-la-Jolie. C’était l’un des secteurs secondaires à bombarder tel qu’il avait été défini lors du briefing.
Les ponts enjambant la Seine et les installations ferroviaires de la ville étaient des cibles potentielles. Il fallait à tout prix désorganiser l’ennemi qui tentait d’envoyer des renforts vers le front de Normandie.
A quelques kilomètres plus au nord, les carrières souterraines de Nucourt, connues pour abriter un centre de stockage de bombes volantes V1, étaient aussi une cible à détruire. Depuis la mi-juin, ces armes secrètes à fort pouvoir de destruction frappaient l’agglomération londonienne où elles semaient la terreur.
Ces secteurs de Mantes-la-Jolie et de Nucourt étaient fortement protégés par une ceinture de canons antiaériens qui ouvraient le feu à l’approche des bombardiers. L’enfer se déchaîna à nouveau.
Selon les témoignages d’autres pilotes du Groupe, le B-17 piloté par le 1st Lt Hanson fut frappé de plein fouet par un tir direct de l’artillerie antiaérienne dans le secteur de Nucourt. L’appareil fut littéralement brisé en deux parties, entraînant immédiatement dans la mort neuf de ses dix membres d’équipage.
Miraculeusement, seul le S/Sgt Arthur Schulze parvint à s’extraire de l’appareil. Actionnant son parachute, il atterrit à proximité du terrain allemand de Boissy-le-Bois où stationnaient les redoutables chasseurs de la JG 26. Le S/Sgt Schulze fut rapidement fait prisonnier et fut transféré par la suite au Stalag Luft IV en Poméranie jusqu’à la fin de la guerre.
La Forteresse volante, totalement disloquée et en partie en flammes, vint s’abattre aux abords du village de Boubiers.
Le site du crash
Les corps des neuf aviateurs furent extraits des débris de l’appareil. Certains d’entre eux furent identifiés grâce à leurs plaques d'identité. Au poignet du S/Sgt Jones fut retrouvé un bracelet avec l'inscription "Hands-off, this guy is mine - Sara"* suivie de son nom et de son matricule militaire.
*"Bas les pattes, ce gars est à moi - Sara"
Deux jours plus tard, le 10 juillet, la population assistait avec un profond sentiment de respect à l’inhumation, dans le cimetière du village, des neuf aviateurs. Ils y reposèrent jusqu’à la fin de la guerre.
L'église de Boubiers et le lieu où furent inhumés les corps des neuf aviateurs jusqu'à la fin de la guerre.
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, les parents et les épouses des aviateurs ignoraient encore tout de la tragédie mais l’inquiétude et l’angoisse grandissaient au fil des jours. Ils étaient sans nouvelles.
A la fin du mois de juillet, chacune des familles reçut le télégramme tant redouté envoyé par le Commandement. Il leur annonçait que leurs fils ou leur mari avait été porté disparu depuis le 8 juillet, sans davantage d’informations. Un infime espoir subsistait malgré tout. Toutes les familles se raccrochaient à l’idée qu’ils avaient peut-être été recueillis par la population et qu’ils étaient sur les chemins de l’évasion…
Cet espoir fut totalement anéanti plusieurs mois plus tard. C’est au cours du mois d’avril 1945 qu’un nouveau télégramme les avisa officiellement de la mort au combat des neuf aviateurs.
Le télégramme tragique annonçant à ses parents la mort au combat du 1st Lt Donald J. Lyma
Par les services de la Croix-Rouge, la famille Schulze prit bientôt connaissance que leur fils était maintenant prisonnier de guerre.
L’Armée américaine libéra la région le 30 août.
Les corps des neuf aviateurs furent exhumés et formellement identifiés dans les mois qui suivirent par la Commission américaine des sépultures. Ils furent ensuite transférés dans des cimetières militaires provisoires, notamment à Solers, en Seine-et-Marne, en ce qui concerne le 1st Lt Lyma et le S/Sgt McManus.
A la demande de leurs familles, les corps des Lt Hanson et Heinzen ainsi que des Sergents Grissom et Pool furent rapatriés aux Etats-Unis.
Les Lt Marcus et Lyma ainsi que le S/Sgt Pohrte reposent en France dans le cimetière militaire américain de Saint Avold, en Moselle.
Le S/Sgt McManus repose dans le cimetière militaire américain d’Epinal, dans les Vosges, et le S/Sgt Jones dans celui de Neupré, en Belgique.
Au cours de sa captivité, Arthur Schulze souffrit énormément, comme tant d’autres, des privations mais aussi du froid terrible de l’hiver 1944/45. Après plusieurs tentatives, il parvint à s’évader au printemps 1945 et à rejoindre les troupes britanniques qui se rapprochaient.
Arthur Schulze resta marqué toute sa vie par la terrible tragédie vécue le 8 juillet 1944. Il décéda le 20 janvier 2009, à l’âge de 89 ans.
Arthur Schulze après guerre
en 1943.
en octobre 1943
Le 8 mai 2015, une cérémonie a été organisée en mémoire de l'équipage.
Sources : Archives américaines, familles des membres de l'équipage, municipalité de Boubiers.
Avec un remerciement spécial à Mme Janice Kidwell.
4 août 1944
Squadron Leader Ian Willoughby BAZALGETTE
Victoria Cross, Distinguished Flying Cross
Lancaster Mk III ND811
Squadron 635 - Royal Air Force
Senantes (Oise)
In English
Ian Willoughby Bazalgette était né le 19 octobre 1918 à Calgary, au Canada, de parents anglo-irlandais, troisième enfant d’une famille à la tête d’une exploitation agricole.
Son père qui avait été blessé et gazé lors de la Première Guerre mondiale, en gardait toujours des séquelles. Eprouvant des difficultés à administrer sa ferme, il abandonna finalement son métier.
En juillet 1939, quelques mois avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Ian W. Bazalgette s’engagea dans la Royal Artillery et se retrouva affecté en Ecosse au 51e Highland Searchlight Regiment, équipé de projecteurs contrôlés par radars.
A partir de juillet 1940, débutait la bataille d’Angleterre. La Luftwaffe du Maréchal Goering tenta d’abord de détruire les convois britanniques dans la Manche puis s’attaqua, en vain, à la Royal Air Force avant de lancer le « Blitz », les bombardement de Londres et d'autres grandes villes britanniques.
En 1941, désirant s’impliquer davantage dans la guerre, Ian W. Bazalgette obtint son transfert dans la Royal Air Force qui avait besoin de pilotes. Au mois de juin, il rejoignait l’Angleterre et la 22 Elementary Flying Training School de Cambridge. Après une dizaine d’heures en double commande, il était lâché pour son premier vol en solo sur Tiger Moth le 3 août 1940.
Au cours de a dernière semaine de septembre, le Squadron était transféré sur la base de Mildenhall.
Le 30 septembre 1942, aux commandes d’un bimoteur Vickers Wellington avec équipage, le Pilot Officer Bazalgette effectua sa première mission au dessus de la Hollande.
A partir de ce moment et jusque la fin de l’année 1942, les missions nocturnes au dessus du territoire ennemi allaient se succéder pour le P/O Bazalgette et les équipages du Squadron 115. Entre temps, en novembre, il fut promu Flying Officer.
En février 1943, un nouvel appareil, le quadrimoteur Lancaster, commençait à remplacer les Wellington du Squadron 115, nécessitant la conversion des pilotes et de leurs équipages.
Sa première mission à bord de ce nouvel appareil comprenant un équipage de sept hommes eut lieu dans la nuit du 22 au 23 mars 1943. Il s’agissaitt de bombarder le port de Saint Nazaire mais les appareils furent rappelés avant d’atteindre l’objectif.
Tout au long de l’année 1943, des raids, auxquels le F/O Bazalgette prenait part, s’intensifiaient sur la Ruhr et les villes allemandes telles, Berlin, Essen, Duisbourg, Dortmund…, villes fortement défendues, occasionnant toujours un taux de pertes élevé parmi les appareils des Forces alliées.
Promu Squadron-Leader et ayant complété son premier tour d’opération, Ian W. Bazalgette se voyait décerner la Distinguished Flying Cross le 1er juillet 1943.
Fin 1943, désormais pilote expérimenté, il fut envoyé comme instructeur en Ecosse avant d’obtenir, après quelques semaines d’entraînement, son transfert au sein de la Pathfinder Force.
Au début de l’année 1944, il fut donc affecté au Squadron 635 basé à Downham Market, dans le Norfolk, dont les Lancaster étaient chargés de marquer, « d’illuminer », les cibles à bombarder.
L’équipage :
S/L Ian W. BAZALGETTE |
RAF |
Pilote |
Sgt George R. TURNER |
RAF |
Flight engineer |
F/L Geoffrey R. GODDARD |
RAF |
Navigateur |
F/L Ivan A. HIBBERT |
RAF |
Bombardier |
F/O Charles R. GODFREY |
RAF |
Opérateur-radio |
F/S Vernon V. R. LEEDER* |
RAAF |
Mitrailleur dorsal |
F/O Douglas CAMERON |
RAF |
Mitrailleur arrière |
* Le F/S Vernon Leeder, de la Royal Australian Air Force, ne faisait pas partie de l’équipage habituel du S/L Bazalgette. Lors de la mission du 4 août 1944, il remplaçait le F/S Hurnhall.
Dix Lancaster du Squadron 635 de la Pathfinder Force étaient désignés pour « marquer » la cible pour une force principale de 61 autres Lancaster de la Royal Air Force. L’objectif : le bombardement des carrières de stockage de fusées V-1 de Trossy-Saint Maximin, (Oise).
Depuis la mi-juin, ces bombes volantes frappaient l’agglomération londonienne et l’Angleterre. Il était donc d’une extrême importance pour le Bomber Command d’anéantir définitivement ce site. Pilonné massivement lors de raids nocturnes depuis le mois de juillet et fortement protégé par la défense antiaérienne et la chasse de nuit allemande, la Royal Air Force y avait déjà perdu nombres de ses bombardiers.
Cette nouvelle mission s’annonçait donc à hauts risques et des plus périlleuses pour les équipages.
Parvenus aux abords de l’objectif, alors que la formation se dirigeait droit vers la cible, la Flak se déchaîna. Les deux appareils qui précédaient le Lancaster du S/L Bazalgette étaient atteints par les tirs venus du sol. L’un d’eux, piloté par le F/L Robert W. Beveridge, plongea vers le sol, en flammes, et s’écrasa près du village de Saint Maximin. Tout l’équipage périt.
C’est au S/L Ian W. Bazalgette que revenait désormais la responsabilité de marquer la cible mais, à son tour, son appareil fut touché par la Flak. Les deux moteurs et les réservoirs d’essence de l’aile droite prirent feu. Les flammes léchèrent le fuselage. Parvenant à maintenir l’appareil en détresse en ligne de vol, le Squadron Leader Bazalgette largua avec précision les marqueurs et les bombes sur l’objectif, permettant aux autres Lancaster de bombarder le site.
Allégé de sa cargaison mais déséquilibré, le quadrimoteur se mit en vrille, perdant rapidement de l’altitude, ravivant le feu qui dévorait l’aile droite. Le sang froid et la maîtrise du S/L Bazalgette lui permirent de rétablir l’appareil.
Les éclats de la Flak avaient aussi frappé la partie frontale du Lancaster, blessant gravement le F/L Hibbert. Le bras droit à demi arraché, il fut extrait de son poste dans un état critique par Turner et Godfrey qui l’emmenèrent vers l’arrière. Allongé sur une civière, on lui injecta de la morphine.
A bord, les membres de l’équipage combattaient les flammes. De la fumée et de l’essence se répandaient à l’intérieur de l’appareil, entraînant l’asphyxie du F/S Leeder.
Volant vers le nord-ouest, il était évident que le Lancaster ne pourrait pas regagner l’Angleterre.
Ayant perdu de l’altitude, ce fut au tour de l’un des moteurs de l’aile gauche de s’arrêter.
En accord avec le Flight Engineer Turner, le S/L Bazalgette ordonna à l’équipage d’évacuer l’avion. C’était le début d’après-midi. Aux environs du village de Senantes, dans l’Oise, Cameron, Turner, Goddard et Godfrey abandonnèrent tour à tour l’appareil d’une altitude de 1 000 mètres.
Conscient que le F/L Hibbert et le F/S Leeder étaient dans l’incapacité de sauter en parachute, le S/L Bazalgette refusa de les abandonner.
Après avoir évité le village de Senantes en effectuant un grand virage, il décida de tenter l’atterrissage du Lancaster en détresse dans un champ. A environ un kilomètre du village, l’appareil se posa parfaitement mais….explosa quelques secondes plus tard. Les trois aviateurs furent tués.
Mr Siméon Desloges, jeune enfant en 1944, se souvient d’avoir observer l’appareil en flammes qui avait évité le village à basse altitude. Puis une grande déflagration avait retenti suivie d’un grand nuage de fumée qui s’élevait dans le ciel.
Dans l’après-midi, les corps du Flight Lieutenant Hibbert et du Flight Sergeant Leeder furnt extraits des débris de l’avion. Ramenés dans l’église de Senantes, il fut décidé de les inhumer avec dignité dans le cimetière du village le dimanche suivant.
Mais dans la matinée de ce dimanche 6 août, tandis que la population s’apprêtait à rendre hommage aux deux aviateurs, les Allemands emmenèrent leurs corps et les inhumèrent dans le cimetière militaire de Beauvais-Marissel.
Les obsèques n’ayant donc pas lieu dans le village, la population de Senantes se rendit sur le site du crash, malgré la crainte de l’arrivée des Allemands, et déposa d’innombrables fleurs en signe de reconnaissance auprès des débris du Lancaster.
Les quatre aviateurs rescapés, recueillis aux alentours, signalèrent bientôt à leurs sauveteurs, malgré la barrière de la langue, qu’ils étaient sept à bord de l’appareil et que le corps du pilote se trouvait certainement encore dans l’épave. Discrètement, les recherches étaient de nouveau entreprises et les restes du S/L Bazalgette furent retrouvés dans les décombres.
Le corps du pilote fut conservé jusqu’à la cérémonie d’inhumation. Elle se déroula à Senantes le dimanche 8 octobre 1944 en présence de sa sœur Ethel, d’autorités militaires britanniques et françaises et d’une foule nombreuse venue rendre hommage à l’aviateur.
En 1945, le S/L Ian W. Bazalgette fut décoré à titre posthume de la Victoria Cross, la plus haute distinction militaire britannique, pour son sacrifice héroïque en ne voulant pas abandonner ses deux camarades blessés restés à bord.
Les quatre survivants avaient échappé aux recherches allemandes et à l’arrestation.
Charles Godfrey et Geoffrey Goddard avaient atterri proche l’un de l’autre, près du village de Senantes. Dans la soirée, ils furent cachés chez l’instituteur du village, Mr Laluet, où on leur fournit des vêtements civils. Avisé, Henri Maigret vint les interroger et les prendre en photos pour permettre l’établissement de leurs faux-papiers d’identité.
Le lendemain, désormais pris en charge par le réseau d’évasion « Alsace », Henri Maigret les emmena dans une charrette chez la famille Desserre, gérants de la ferme de la Boissière, à Blacourt, où ils furent hébergés jusqu’au 20 août, soit une douzaine de jours.
Par sécurité, il fut alors décidé de déplacer les deux aviateurs. Dans une carriole, Henri Maigret se chargea de les transférer, au milieu des troupes allemandes en déroute, à La Neuville-sur-Auneuil, dans la ferme de Pierre Muller.
L’arrivée des troupes alliées était imminente, la Libération approchait. Les fermes de la région regorgeaient d’aviateurs. Nombre d’entre eux étaient hébergés dans les environs et les possibilités d’accueil arrivaient à saturation.
Il fut donc décidé de créer un camp provisoire et de regrouper les aviateurs dans un bois touffu au Saussay, situé près de la commune de Porcheux.
C’est dans ce camp que furent emmenés par Pierre Muller, Charles Godfrey et Geoffrey Goddard, le soir de leur arrivée.
Une colonne blindée britannique les libéra le 30 août.
George Turner avait atterri près du hameau de Bois-Aubert, à quelques centaines de mètres de Senantes. Blessé au dos, il fut recueilli et hébergé chez René Cocu, cultivateur du hameau de Groscourt, où il attendit la Libération.
Après son atterrissage près de Glatigny et ayant fui de justesse les Allemands, Douglas Cameron fut hébergé par la famille Anse à Glatigny et la famille Roisse à Hanvoile. Il choisit ensuite de participer, avec la Résistance locale, à différentes actions de sabotage contre l’ennemi jusqu’à la Libération.
Charles Godfrey et George Turner étaient revenus à plusieurs reprises après la guerre afin de remercier leurs sauveteurs. Ils étaient aussi présents le 4 août 1994, accompagnés de la fille de Douglas Cameron, lors de la cérémonie d’inauguration de la stèle érigée sur le lieu du crash en mémoire de leurs camarades disparus cinquante ans plus tôt.
Le 27 juillet 1990, au Bomber Command Museum of Canada de Nanton, situé au sud de Calgary dans l’Alberta, avait lieu une cérémonie en mémoire du Squadron Leader Ian Willoughby Bazalgette. A cette occasion, sa sœur Ethel, George Turner et Charles Godfrey dévoilèrent une plaque en l’honneur du pilote et un Lancaster portant les mêmes marquages de celui qu’il pilotait lors de la tragique mission du 4 août 1944, devenant ainsi le Ian Bazalgette Memorial Lancaster.
Le 15 août 2009, au musée de Nanton, était signé par leurs maires respectifs, l’acte de jumelage unissant le village de Senantes et la ville canadienne en mémoire du courage et du sacrifice du S/L Bazalgette.
Le 27 juin 2014, à Senantes, cet acte était contresigné par les représentants des deux communes à l'occasion d'une journée commémorative.
"Baz", le livre retraçant l'histoire du S/L Bazalgette, par Dave Birrell.
Nuit du 4 au 5 juillet 1944
Lancaster Mk III JB486
Squadron 57
Royal Air Force
CORMEILLES (Oise)
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In English
Une semaine après le Débarquement de Normandie, l’Angleterre et tout particulièrement Londres furent confrontées à une nouvelle menace, les bombes volantes V1, réponse de l’ennemi face aux raids aériens dévastateurs opérés par les Alliés au dessus de l’Allemagne.
Dès cette période, tout fut mis en œuvre par les Alliés pour détruire la multitude de sites de lancement dissimulés et disséminés le long du littoral français de la Manche. Leur attention fut également tournée vers l’un des centres de stockage de cette nouvelle arme de représailles, celui situé sous les voûtes épaisses des carrières souterraines de Saint-Leu d’Esserent, dans l’Oise.
Dans la soirée du 4 juillet, 17 Lancasters du Squadron 617 effectuèrent un raid et larguèrent leurs énormes bombes “Tallboy” sur le site de Saint-Leu d’Esserent, ne subissant aucune perte.
Au cours de la nuit du 4 au 5 juillet, une force aérienne beaucoup plus importante était engagée sur le même objectif. 231 Lancasters et 15 Mosquitos du 5e Groupe de la Royal Air Force déversèrent 1 157 tonnes de bombes explosives et 5 tonnes de bombes incendiaires en trois vagues successives, entre 01h31 et 01h45 (heure anglaise). La commune de Saint-Maximin, bien que non prise pour cible, fût durement touchée lors de ce terrifiant bombardement. 13 Lancasters ne regagnèrent pas leurs bases anglaises, victimes essentiellement des redoutables chasseurs de nuit allemands. Sept quadrimoteurs s’écrasèrent en flammes dans le département de l’Oise. Au cours de cette mission nocturne, la Royal Air Force déplora la perte de 77 aviateurs tués.
Les Lancasters du Squadron 57 avaient décollé de leur base située à East Kirby, dans le Lincolnshire, vers 23h20. Après s’être rassemblés dans la nuit noire du ciel anglais avec d’autres Squadrons, l’immense armada mit le cap vers la France et la ville de Saint-Leu d’Esserent. Parmi ces appareils, le Lancaster Mk III JB486 avec à ses commandes le très expérimenté Flight Lieutenant Anthony E. Grubb qui effectuait, cette nuit-là, sa 27e sortie opérationnelle.
L'équipage du Lancaster JB486 :
F/L Anthony E. GRUBB |
RAF |
Pilote |
21 ans |
New Malden, Surrey |
Sgt Harry LEES |
RAF |
Flight Engineer |
32 ans |
Oldham, Lancashire |
WO² James W. WEYERS |
RCAF |
Navigateur |
32 ans |
Strathmore, Alberta |
F/O Jack P. HODGES |
RAAF |
Bombardier |
22 ans |
Grafton, Nouvelle-Galles du Sud |
Sgt George T. OSBORNE |
RAF |
Opérateur-radio |
23 ans |
Calf Heath, Staffordshire |
Sgt Clifford N. STALKER |
RAF |
Mitrailleur |
31 ans |
Warehorne, Kent |
Sgt Joseph T. NIXON |
RAF |
Mitrailleur arrière |
Manchester |
F/L Anthony Edward GRUBB
Après avoir déversé son chargement de bombes sur l’objectif, l’appareil fut attaqué par un chasseur de nuit allemand, probablement celui du Feldwebel Martin Schulze, de la JG301, qui enregistrait, cette nuit-là, sa première victoire à bord de son Messerschmitt-109.
Désemparé et en totale perdition, le Lancaster JB486 vint s’abattre vers 2h00 du matin à l'orée du bois du Gantel, au nord du village de Cormeilles (Oise), ne laissant aucune chance aux sept membres de l’équipage d’évacuer leur appareil.
Dans la matinée du 5 juillet, de nombreux habitants du village se rendirent sur le lieu de l’effroyable tragédie. Parmi les débris disloqués de l’appareil, tout espoir de retrouver des survivants fut rapidement anéanti. Les corps sans vie des sept jeunes aviateurs furent transportés jusqu’à l’intérieur de la petite chapelle du cimetière, dans une charrette appartenant à Mr René Tallon. En dépit de l’omniprésence de l’ennemi, la population du village veilla avec grand respect sur ces libérateurs tombés du ciel avant qu’ils soient finalement emmenés par les Allemands.
Les souvenirs de cet épouvantable événement sont toujours très vivaces dans la mémoire des habitants du village.
De nos jours, les sept aviateurs reposent dans le cimetière militaire du Commonwealth de Poix-de-Picardie (Somme).
Vestiges du centre de stockage des carrières de Saint-Leu d'Esserent de nos jours
Six nouvelles missions de grande ampleur et un total d’environ 9 000 tonnes de bombes s’avèreront nécessaires au Bomber Command de la Royal Air Force pour désorganiser et obstruer durablement les carrières de Saint-Leu d’Esserent. 264 aviateurs de la Royal Air Force firent le sacrifice de leur vie au cours de cette période s’étendant du 4 juillet au 5 août 1944. Inévitablement, ces bombardements aériens massifs provoquèrent de nombreuses destructions dans la ville et ses environs. Plus d’une cinquantaine de civils y perdirent la vie.
Le 8 juillet 2018, à Cormeilles (Oise), une cérémonie rendait hommage aux sept membres du Lancaster JB486.