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  • Le Cardonnois (Somme) - Stèle à la mémoire de l'équipage du Boeing B-17 #42-31325, 452nd Bomb Group

  • B-17G-85-VE 44-8846 - F-AZDX - (FTV)

 

27 juin 1944

 

B-24H “Liberator” # 42-95280 “Square Dance

 

 445th Bomb Group

701st Bomb Squadron

8th Air Force

 

Mello (Oise)

 

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Le 27 juin 1944, en début d’après-midi, une quarantaine de bombardiers lourds B-24 “Liberator” décollaient de différentes bases disséminées en Angleterre. Leur objectif : pilonner, en deux vagues successives, la gare de triage du Petit-Thérain, près de Creil. Les quadrimoteurs du 445th Bomb Group de la 8th Air Force basés à Tibenham, Norfolk, participèrent au raid. Parmi eux, le B-24 “Liberator” # 42-95280 “Square Dance”.
 
B 24 Liberator 

B-24 “Liberator”

 

L’équipage du B-24 #42-95280 “Square Dance” :

1st Lt Clifton G. MILLER Pilote 22 ans Evadé Belding, Michigan
2nd Lt Ralph L. HALL Copilote 22 ans Evadé Lakewood, Ohio
1st Lt Arlee T. RENO Navigateur 24 ans
Mort au combat Spring Lake City, New Jersey
2nd Lt Walter A. STRYCHASZ Bombardier 26 ans Mort au combat Cleveland, Ohio
T/Sgt John H. LEAHY Opérateur-radio 32 ans Mort au combat Chicago, Illinois
T/Sgt Wayne E. BRAND Mitrailleur dorsal 23 ans Evadé Dublin, Mississippi
Cpl Edward L. SMITH Mitrailleur ventral 24 ans Prisonnier Monessen, Pennsylvanie
S/Sgt Walter B. SCHUM Mitrailleur latéral 20 ans Mort au combat Altoona, Pennsylvanie
S/Sgt William H. SALIO Mitrailleur latéral Prisonnier Cincinnati, Ohio
S/Sgt John F. GOAN Mitrailleur de queue 23 ans Evadé Chattanooga, Tennessee

 

Aux abords de l’objectif, la défense antiaérienne allemande ouvrait le feu. Les obus de 88 mm éclataient à haute altitude, tentant d’abattre les appareils alliés qui approchaient.

A environ 7 500 m d’altitude, le B-24H “Square Dance” piloté par le 1st Lt Clifton G. Miller, parvint à larguer, à l’heure prévue, sa cargaison de bombes qui plongeait en sifflant vers l’objectif malgré les éclatements meurtriers de la redoutable défense antiaérienne ennemie.

Quelques instants plus tard, le bombardier fut touché de plein fouet par un obus qui éclata entre la soute à bombe et le nez de l’appareil. Le B-24 s’enflamma immédiatement. Le 1st Lt Arlee T. Reno et le 2nd Lt Walter A. Strychasz furent tués instantanément à leurs postes.

La situation était désespérée. Ordre était donné par le pilote d’évacuer l’appareil devenu incontrôlable. Les aviateurs rescapés se parachutèrent les uns après les autres juste avant l’explosion du quadrimoteur en plein ciel, à la verticale du village de Mello.

Le T/Sgt John H. Leahy, semble-t-il, perdit la vie à ce moment. Aperçu pour la dernière fois par ses compagnons en train de s’équiper de son parachute, il avait tenté jusqu’au bout de combattre les flammes qui ravageaient la soute à bombes.

T/Sgt John H. Leahy

T/Sgt John H. Leahy, opérateur-radio

Les débris disloqués de l’appareil s’abattirent sur une large étendue près du “Champ des Roses”, dans le parc du château de Mello. Il était environ 19h30.

Mello - Site du crash du B-24 # 42-95280 “Square Dance”

Une partie de l’épave du B-24 “Square Dance”

Les corps des trois aviateurs furent extraits des débris par l’Armée allemande. Ils seront inhumés le 29 juin dans le cimetière de Creil. Ils y reposeront jusqu’à la fin de la guerre.

Arlee T. Reno repose aujourd’hui dans le cimetière américain d’Epinal, dans les Vosges. Les corps de Walter Strychasz et de John Leahy furent rapatriés aux Etats-Unis. Walter Strychasz repose désormais à Cleveland, dans l’Ohio, et John Leahy à Forrest Park, dans l’Illinois.

Schum

 

Le destin tragique du S/Sgt Walter B. Schum reste toujours énigmatique aujourd’hui.

Selon le témoignage de Gilbert Marionval du Groupe de Résistance “Valmy”, le S/Sgt Walter B. Schum aurait atterri à Cauffry et avait une jambe fracturée. Il fut dans un premier temps secouru par la population. Arrivés rapidement, les Allemands l’auraient emmené au Château des Rochers, à Nogent-sur-Oise, transformé en centre de soins pour les blessés évacués du front de Normandie. Porteur d’une étoile de David autour du cou, le S/Sgt Schum aurait été exécuté par les Allemands le lendemain.

Une autre source mentionne que le corps d’un aviateur aurait été retrouvé à proximité du hameau de Barisseuse. S’agit-il de celui du S/Sgt Walter B. Schum ? Rien ne permet de l’affirmer et le mystère demeure.

Comme ses trois malheureux compagnons d’équipage, le S/Sgt Walter B. Schum sera inhumé dans le cimetière de Creil le 29 juin.

Exhumant son corps dans les semaines qui suivirent la Libération, une commission d’investigation américaine aurait constaté qu’il avait eu la gorge tranchée. L’enquête aurait été classée "Crime de guerre".

Le S/Sgt Walter B. Schum repose aujourd’hui à Altoona, en Pennsylvanie.

                                                                                                                                              
 
 
                                                                                                                                                                                           S/Sgt Walter B. Schum

                                                                                                                                                                     

Peu de temps après avoir atterri, le S/Sgt William H. Salio fut capturé par les Allemands près de Pont-Sainte-Maxence puis transféré dans un hôpital de Beauvais. Le caporal Edward L. Smith toucha le sol à proximité de Rantigny où il fut pris par l’ennemi. Les deux aviateurs seront envoyés par la suite dans des camps de prisonniers en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. Le caporal Smith sera notamment détenu au Stalag Luft IV, en Poméranie, dans l’actuelle Pologne.

Les quatre autres aviateurs seront plus chanceux. Secourus par la population dès leur atterrissage, ils seront remis aux organisations structurées de la Résistance.

 

Les témoignages après-guerre du S/Sgt John F. Goan et du 2nd Lt Ralph L. Hall permettent de mieux comprendre comment ils ont pu échapper à l’ennemi après avoir touché le sol de France.  

Le S/Sgt Goan s’extirpa difficilement de la tourelle arrière du B-24 et parvint à ouvrir son parachute après avoir flotté un moment dans les airs. Lors de sa descente, il aperçut une aile brisée de son appareil qui plongeait vers le sol.

Le 2nd Lt Ralph L. Hall évacua l’appareil très peu de temps après le S/Sgt Goan. Il se rendit vite compte que dans la précipitation, il s'était équipé de son parachute…à l’envers. Il parvint cependant à tirer la poignée d’ouverture qui se trouvait dans son dos. Lorsque le parachute se déploya, il s’aperçut qu’il n’était fixé qu’à une seul côté de son harnais. Il put apercevoir à peu de distance en dessous de lui, le S/Sgt Goan qui descendait vers le sol, suspendu sous son parachute.

Le S/Sgt Goan atterrissait durement et perdait connaissance pendant quelques instants. Lorsqu’il reprit ses esprits, une jeune fille se trouvait auprès de lui. Elle l’aida rapidement à se défaire de son harnais puis pointa la direction d’un bois tout proche vers lequel il allait devoir courir.

Le 2nd Lt Hall avait atterri en douceur à quelques centaines de mètres du S/Sgt Goan. Après s’être débarrassée de son harnais, des Français se précipitèrent pour l’aider. Il rejoignit son compagnon qui souffrait du dos. La jeune fille l’aida à se relever puis les deux aviateurs se dirigèrent vers le bois. Le 2nd Lt Hall avait perdu ses bottes et ses gants lors de sa chute.

Sous les arbres, le Sgt Goan creusa un trou et dissimula leur équipement, ne gardant que leur kit d’évasion. Puis les deux aviateurs s’enfoncèrent davantage dans le bois pour y passer la nuit.     

Tôt le lendemain matin ils rencontrèrent un Français qui leur donna de la nourriture. Ils furent ensuite emmenés vers la grange d’une ferme régit par la famille Matthys, dans le hameau de Barisseuse, proche de Saint-Vaast-lès-Mello. Le Dr Jean Pichon, du village de Mello, vint examiner les deux aviateurs et leur promit de revenir les voir le lendemain. Dans la soirée, l’abbé Claude, qui parlait anglais, vint leur rendre visite et leur annonça qu’ils allaient rester là pour la nuit. Des vêtements civils furent fournis aux deux Américains.

Revenu le lendemain, le prêtre les emmena chez lui. Les deux aviateurs y séjournèrent pendant neuf jours.

Le parcours d’évasion du 2nd Lt Ralph L. Hall et du S/Sgt John F. Goan se poursuivra par Chantilly où ils seront hébergés par Louis Mesureur, “Louis le coiffeur” rue du Connétable, puis par Saint Leu-d’Esserent, pris en charge par la famille Cochet. Ils seront ensuite convoyés dans le 17e arrondissement de Paris, chez Mme Yvonne Diximier. Fin juillet, les deux Américains seront conduits dans le camp de la forêt de Fréteval (Loir-et-Cher) en attendant l’arrivée des troupes alliées libératrices.

 

Ouvrant immédiatement son parachute afin d’éteindre les flammes de sa combinaison de vol en feu, le vent fit dériver le T/Sgt Wayne E. Brand. Il atterrit à proximité du village d’Angicourt. Dans la région, il rencontra son pilote, le 1st Lt Clifton G. Miller, quelques jours plus tard. Le parcours de son évasion n’est pas clairement défini mais il rejoignit, lui aussi, le camp de Fréteval.

 

Le 1st Lt Clifton G. Miller, quittant les commandes de l’appareil, parvint à gagner la soute à bombes au milieu des flammes et se jeta dans le vide. Il atterrit en parachute sur les hauteurs du village de Laigneville avec une blessure à la jambe et le visage brûlé.

Témoin de sa chute, la famille Wattier se porta immédiatement à son secours. Elle le soigna sommairement avant que le pilote parte se cacher dans un bois à proximité pour la nuit afin d’échapper aux recherches allemandes.

CliftonGMiller

1st Lt Clifton G. Miller

Le lendemain matin, le 1st Lt Miller retrouva Mme Marcelle Wattier qui l’hébergea pendant trois jours. Ancienne infirmière pendant la Première Guerre mondiale, elle soigna l’aviateur avec la complicité du Dr Aubry de Liancourt.

Avisé de la présence du pilote américain, Gilbert Marionval, du Groupe “Valmy”, vint le prendre charge, accompagné par deux camarades : René Maillet et Marcel Defrance. Le pilote, recouvert d’une couverture et de chaises, fut transporté au nez et à la barbe des Allemands dans une charrette à bras chez Irène Marionval, la mère de Gilbert, rue du Paleron à Nogent-sur-Oise.

Blessé, le 1st Lt Miller était dans l’incapacité de poursuivre son évasion. Il fut caché dans une chambre à l’arrière de maison avec interdiction de sortir. Des éléments des Jeunesses Hitlériennes paradaient souvent dans les rues et il ne fallait prendre aucun risque. Le Dr Jean Bell vint lui rendre visite de temps en temps pour le soigner.

Le 1st Lt Clifton G. Miller resta ainsi caché chez la famille Marionval pendant de nombreux jours mais le 24 juillet, la Gestapo arrêta un voisin qui avait été dénoncé comme résistant. Par précaution, l’aviateur fut d’abord emmené chez Fernand Belloy qui demeurait dans la même rue puis chez la famille Parrot, rue Pasteur. Un peu plus tard, il fut de nouveau déplacé. Il séjourna chez la famille Thellier avant que le Dr Georges Debray vienne un jour le chercher. Il l’emmena chez Laure Vacher et Henriette Giral à Creil. Tout au long de son périple, le Dr Bell continua de soigner les blessures de l’aviateur. Après plusieurs jours, il fut ramené chez la famille Marionval, à Nogent, qui le prit en charge jusqu’au 31 août, jour de la Libération de la ville. Le 1st Lt Miller fut alors récupéré par ses compatriotes puis rapatrié en Angleterre avant de regagner les Etats-Unis.

En septembre 1991, Clifton G. Miller était revenu dans la région creilloise, accompagné de son épouse, afin de remercier personnellement avec un profond sentiment de gratitude, ses sauveteurs qui avaient pris tous les risques pour le sauver au cours de l’été 1944.

Miller et sa femme en 1991 Nogent
Clifton G. Miller et son épouse en 1991

à Nogent-sur-Oise

 

30 octobre 2016 : cérémonie à Mello en présence de la nièce du T/Sgt John H. Leahy.

 

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