11 février 1944
Boeing B-17G # 42-31388
306th Bomb Group
423rd Bomb Squadron
8th Air Force
Campremy (Oise)
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In English
Dans la matinée du 11 février 1944, 223 B-17 “Forteresses volantes” de la 8th Air Force décollaient de différentes bases disséminées en Angleterre pour une nouvelle mission de bombardement stratégique sur les sites industriels et les nœuds de communication situés au cœur de l’Allemagne. Les cibles prioritaires définies par le Haut-Commandement étaient les villes de Ludwigshafen, Francfort-sur-le-Main et Sarrebruck. Déjà bombardée les 29 janvier et 8 février, Francfort était particulièrement ciblée. Cette ville était sur le point de subir un 3e raid dévastateur en seulement deux semaines.
Vingt bombardiers lourds du 306th Bomb Group, basés à Thurleigh, dans le Bedfordshire, prirent part à cette mission. Parmi ces appareils : le B-17 # 42-31388 et son équipage expérimenté. Aux commandes, le 1st Lt Geno Di Betta s’envolait, ce jour-là, pour sa 16e mission.
L'équipage du B-17G # 42-31388 :
1st Lt Geno Di BETTA |
Pilote | 22 ans | Evadé | Parkersburg, Virginie Occidentale |
2nd Lt Earl J. WOLF Jr | Copilote | 22 ans | Evadé | Princeton, Illinois |
1st Lt Raymond F. FEILBACH | Navigateur | 27 ans | Prisonnier | Monroe, Louisiane |
1st Lt Jerroll E. SANDERS | Bombardier | 22 ans | Prisonnier | Highlands, Texas |
T/Sgt Fortunato V. CHICCARELLI | Mitrailleur de tourelle dorsale | 19 ans | Prisonnier | Boston, Massachusetts |
T/Sgt Clyde E. HEWITT Jr | Opérateur-radio | 22 ans | Evadé | Gary, Indiana |
S/Sgt James H. COLEMAN | Mitrailleur de tourelle ventrale | 27 ans | Mort au combat | Indianapolis, Indiana |
S/Sgt Guy H. GOLDEN Jr | Mitrailleur latéral droit | 22 ans | Evadé | Pine Bluff, Arkansas |
S/Sgt Leonard F. BERGERON | Mitrailleur latéral gauche | 24 ans | Evadé | Hartford, Connecticut |
S/Sgt Eldo C. WESELOH | Mitrailleur arrière | 21 ans | Evadé | Los Angeles, Californie |
Second rang : le T/Sgt Clyde E. Hewitt est le 3e depuis la gauche. Le S/Sgt Bergeron est le 5e depuis la gauche.
Après la mise en formations des appareils, débuta la traversée de la Manche. A 10h20, la côte était franchie entre Dunkerque et Ostende. L’immense armada, protégée par de nombreux chasseurs d’escorte, mit le cap à l’est, vers l’Allemagne. Au dessus de Mannheim, l’artillerie antiaérienne allemande ouvrait le feu. Malgré les obus de 88 mm qui éclataient autour des appareils, la force d’attaque se divisa. Une partie se dirigea vers Francfort tandis que l’autre, dans laquelle se trouvait le B-17 du 1st Lt Di Betta, vira vers Sarrebruck. La couverture nuageuse masquait les objectifs et ne permettait pas à l’appareil-leader du 306th Bomb Group de déclencher le bombardement. Dans la confusion, vers 12h45, les bombes furent larguées sans que la cible soit clairement identifiée.
A ce moment la Forteresse volante pilotée par le 1st Lt Di Betta fut touchée par la Flak qui endommagea les ailes et l’empennage. Les réservoirs perforés laissaient échapper du carburant. L’appareil ne put suivre le reste de la formation. Il se retrouva peu à peu distancé et tenta de rentrer en Angleterre malgré ses avaries. Désormais isolé et perdant progressivement de l’altitude, il parvint à survoler la France mais subit bientôt plusieurs attaques d’un appareil de chasse allemand. Le S/Sgt James H. Coleman fut tué à son poste, dans la tourelle ventrale littéralement pulvérisée. Au dessus du département de l’Oise le pilote ordonna d’évacuer l’appareil. Un à un, les membres de l’équipage harnachèrent leur parachute et s’élancèrent dans le vide. Il était environ 14 heures.
Désemparé, le B-17 # 42-31388 poursuivit quelques temps son vol avant de s’écraser sur le territoire de la commune de Campremy (Oise).
Le site du crash
Les 1st Lts Sanders et Feilbach atterrirent en parachute près du village de Bulles mais furent rapidement capturés par les Allemands.
Le T/Sgt Chiccarelli tomba également dans le secteur de Bulles. Il était blessé au bras. Au sol, il eut la chance d’être rapidement secouru par des patriotes français qui l’hébergèrent pendant une journée ou deux. Un médecin vint soigner son bras mais face à l’ampleur de la blessure, il n’eut d’autre choix que de le diriger vers l’hôpital de Creil. Les Allemands découvrirent par la suite sa véritable identité et le T/Sgt Chiccarelli fut fait prisonnier.
Le T/Sgt Hewitt et les S/Sgts Golden et Bergeron évacuèrent l’appareil à peu près ensemble. Tous trois atterrirent sains et saufs à proximité l’un de l’autre aux abords de la ferme du hameau de Wariville, près du village de Litz (Oise). Ils se regroupèrent avant l’arrivée de plusieurs Français venus à leur rencontre. Leurs parachutes et leurs équipements de vol furent rapidement dissimulés puis les trois aviateurs furent cachés dans une meule de foin afin d’échapper aux recherches allemandes.
Pierre Pouly fut témoin de la chute des trois aviateurs. Entrepreneur de battage, il travaillait à ce moment à la ferme de Wariville. En fin de journée, il se chargea de transporter Bergeron, Golden et Hewitt, mêlés parmi ses ouvriers, à bord d’une remorque tirée par son tracteur. Ils furent amenés sans encombre au domicile de Pierre Pouly qui habitait le hameau de Gicourt, près d’Agnetz.
Pierre Pouly La demeure de Pierre Pouly à Gicourt. De nos jours elle est devenue un restaurant
Le docteur Roger Bouchard, de Clermont, ami de longue date de Pierre Pouly, fut avisé de la présence des trois Américains. Il se rendit à Gicourt, accompagné de Gaston Legrand, pour prendre en charge les aviateurs. Par une route détournée, évitant ainsi la route nationale où se trouvaient de nombreux soldats allemands, il transporta Bergeron, Golden et Hewitt à bord de sa voiture et les déposa à Clermont, chez Odette Sauvage.
Le docteur Roger Bouchard Edmond Sauvage, Odette Sauvage et Gaston Legrand
Deux soldats sud-africains, Donald Retief et David Abrahams, évadés de la prison de Beauvais, étaient également hébergés à ce moment chez les Legrand-Sauvage. Une nouvelle fois, cette famille clermontoise fit preuve d’une incroyable audace. Le risque était grand car la Kommandantur se trouvait à proximité. Les Allemands sillonnaient régulièrement la rue sans jamais soupçonner la présence d’aviateurs évadés dans cette bâtisse de la rue du Châtellier. Gaston, Odette et son fils Edmond, âgé de 17 ans, consentirent tous les sacrifices afin de nourrir et habiller leurs protégés, aidés en cela par la famille Leclercq de Breuil-le-Sec que les aviateurs rencontrèrent pendant leur séjour.
Les cinq hommes séjournèrent ainsi chez les Legrand-Sauvage pendant environ une semaine avant de poursuivre leur évasion.
Le 2nd Lt Earl J. Wolf atterrit au milieu d’un champ près du village de Wavignies. Immédiatement, un grand nombre de Français se précipitèrent à sa rencontre mais le soupçonnèrent d’être un aviateur allemand en raison de ses cheveux coupés très courts. Wolf leur montra alors une marque sur son parachute portant l’inscription “USA” et leur déclara qu’il était Américain. Rapidement débarrassé de son parachute, il fut emmené vers une maison voisine. Utilisant le “Phrase Book” de son kit d’évasion, il fit comprendre aux personnes présentes qu’il lui fallait des vêtements civils. Bientôt, l’un des Français lui en apporta tandis qu’il distribuait des cigarettes américaines. Avisé, le docteur Edmond Caillard, qui parlait anglais, vent le rencontrer, le dissimula dans sa voiture sous une pile de vêtements et le conduisit chez lui, rue Valentin Haüy, à Saint Just-en-Chaussée. A son domicile, Wolf y rencontra un compatriote, le 2nd Lt Lorenzi, autre pilote de Boeing B-17, qui était blessé. Un peu plus tard, une femme emmena Wolf dans un café de la ville où il retrouva son pilote, le 1st Lt Di Betta.
Le 1st Lt Di Betta avait atterri à proximité du village de Catillon, blessé légèrement à une main. Un ouvrier russe évadé travaillant dans les champs lui vint immédiatement en aide tandis que d’autres personnes accoururent et s’occupèrent d’enterrer son parachute et ses équipements de vol. Di Betta fut rapidement emmené dans une ferme où il se cacha dans un poulailler. Les Allemands sillonnaient déjà le secteur à la recherche de l’aviateur qui se trouvait désormais en lieu sûr. Le cultivateur lui fit comprendre qu’il connaissait un médecin parlant anglais. Bientôt, Di Betta fut emmené dans un café à Saint Just-en-Chaussée. Il fut mis en présence de Georges Jauneau, chef de la Résistance locale, un homme à l’apparence sévère qui le questionna et lui demanda ses cartes ainsi que ses plaques d’identification. Di Betta ne lui en donna qu’une. A l’étage, il retrouva son copilote Wolf. Dans la soirée de ce 11 février, les deux aviateurs furent ramenés chez le Dr Caillard qui se chargea ensuite de les transporter à Bulles, chez Pierre Coulon, en compagnie du 2nd Lt Lorenzi.
Agé de 40 ans, Pierre Coulon était un menuisier-charpentier qui demeurait rue du Mesnil. Avec la complicité de son épouse Albertine et de ses deux filles, Denise (15 ans) et Colette (5 ans), il servait de relais et logeait des aviateurs au mépris de tous les risques. Dans cette maison, les aviateurs retrouvèrent deux autres membres de l’équipage du 2nd Lt Lorenzi : les 2nd Lts Robert Costello et Paul Packer.
Di Betta et Wolf ne restèrent qu’une nuit chez Pierre Coulon. Dans la soirée du 12 février, vers 18h00, Pierre Coulon les emmena au “Café du Bon Coin” dont le propriétaire, Mr Vanhoudeusden, était chef du groupe local de Résistance.
Les deux aviateurs furent cachés dans la cave. Avisé par téléphone qu’il y avait deux “poulets” à récupérer, le docteur Gaston Redaud, de Clermont, se rendit immédiatement à Bulles. A son arrivée, des soldats allemands étaient présents dans le café. Par une porte dérobée puis par le jardin, Di Betta et Wolf parvinrent à s’engouffrer dans la voiture du médecin et furent conduits à son domicile, rue d’Amiens à Clermont. Les deux aviateurs y séjournèrent environ une semaine.
Un matin, vers 9h00, France-Raphaëlle Fleury vint chercher les deux “colis” et les escorta, à pied, jusque chez ses parents, rue de Mouy. La famille Fleury s’était impliquée, dès la défaite de 1940, dans le combat de l’ombre. Georges Fleury, le père de France-Raphaëlle, était responsable du secteur Centre-Oise de l’OCM. Depuis de nombreux mois, des réunions clandestines se tenaient à son domicile afin d’organiser la lutte contre l’occupant. Des aviateurs évadés y trouvaient également fréquemment refuge.
Après une semaine passée chez les Legrand-Sauvage, les aviateurs s’apprêtèrent à quitter leurs hôtes pour rejoindre, la maison des Fleury. A travers les rues de la ville, Odette se chargea de Bergeron tandis qu’Edmond accompagna Golden et Hewitt. Chez Georges Fleury, les trois aviateurs y retrouvèrent leurs compagnons d’équipage : Di Betta, Wolf mais aussi Eldo Weseloh. Ce dernier, précédemment convoyé de Saint Just-en-Chaussée à Bulles par le Dr Delignon, avait été hébergé chez Berthe Descampeaux.
Pour tous ces aviateurs, l’heure était venue de quitter Clermont. Arrivé chez les Fleury à bord d’un camion, Edmond Bourge vint prendre en charge les aviateurs qu’il allait répartir, par le biais de différents relais, dans la région s’étendant de Creil à Chantilly.
Bergeron fut déposé à Creil, chez Raymond et Suzanne Stubert. Di Betta et Weseloh étaient conduits à Vineuil-Saint-Firmin chez Louise Guisier. Wolf, Hewitt et Golden, escortés par Alfred Pernet, gendarme de la brigade de Chantilly, prirent la direction de Gouvieux et furent logés dans la soirée chez le couple Lauro.
Bergeron se trouva donc le seul à être hébergé chez les Stubert. Au début de son séjour, accompagné par le Dr Georges Debray, il rencontra en toute discrétion le T/Sgt Chiccarelli à l’hôpital de Creil. Il put lui rendre visite une seconde fois, la veille du jour où Chiccarelli fut transféré à l’hôpital de Beauvais. L’aviateur blessé fut “démasqué” quelques jours plus tard par les Allemands.
Après deux journées passées chez la famille Lauro, Wolf était transféré chez un boucher de Gouvieux, où il fut hébergé à l’étage de sa boutique. Au bout d’une semaine, Edmond Bourge vint le prendre en charge et l’emmèna à moto chez Raymond et Suzanne Stubert à Creil où il retrouva Bergeron. Les deux aviateurs désormais réunis y séjournèrent environ trois semaines.
Edmond Bourge était marié avec l’une des filles de Mme Dorez qui habitait à Montataire. Parfois, le dimanche, Wolf et Bergeron étaient conviés chez les beaux-parents d’Edmond pour le repas, y retrouvant deux autres aviateurs américains hébergés par cette famille : les 2nd Lts Lorenzi et Packer.
De gauche à droite : Paul Packer, Leonard Bergeron, Robert Lorenzi et Earl Wolf.
Pendant leur séjour chez les Stubert, Wolf et Bergeron rencontrèrent Jacky du Pac qui les interrogea et les informa sur la suite de leur évasion. Bientôt arrivèrent chez les Stubert, six autres aviateurs américains : Hennessy, Scanlon, Risch, Richardson Dicken et Schafer. Cependant la rumeur circulait que le domicile des Stubert pourrait être investi par la Gestapo. Les aviateurs furent répartis dans d’autres familles. Wolf et Bergeron furent emmenés dans le village voisin de Villers-Saint-Paul où ils séjournèrent chez Charles Warren, un dessinateur résidant rue des Marquets.
L’alerte passée, les deux aviateurs furent ramenés chez les Stubert par Edmond Bourge.
16 mars – Le jour était venu de quitter Creil.
Wolf, Bergeron, Richardson et Schafer furent conduits à la gare où ils retrouvèrent Lorenzi, Packer ainsi que deux autres membres de leur équipage, Costello et Sweeney.
Venus de Paris, René Loiseau et Geneviève de Poulpiquet, convoyeurs du réseau Shelburn, les attendaient en gare de Creil. Edmond Bourge sépara les aviateurs en deux groupes, leur indiquant leurs nouveaux guides. Bergeron, Wolf, Richardson et Schafer furent pris en charge par Geneviève de Poulpiquet. Les quatre autres suivirent René Loiseau.
Le trajet de Creil à Paris par le train s’effectua sans problème. Après leur arrivée en gare du Nord à Paris, vers 18h30, les deux groupes se rejoignirent à l’entrée d’une station de métro. Schafer et Richardson furent emmenés chez la Comtesse Bertranne d’Hespel, rue Maspero, dans le 16e arrondissement, qui les hébergea pendant deux nuits. René Loiseau, accompagnant les six autres aviateurs, se rendit 5 rue Baudin à Levallois-Perret. Les aviateurs furent répartis dans deux appartements situés au 5e étage et se faisant face, appartenant à deux logeuses du réseau, Marguerite Di Giacomo et Yvonne Latrace.
Après leur arrivée, les aviateurs furent photographiés et on leur prit leurs empreintes digitales.
Dans la matinée du 17 mars, les aviateurs reçurent la visite de Marcel Cola qui donna à chacun une fausse carte d’identité, une attestation de résidence en zone côtière interdite ainsi qu’un ticket de métro.
Dans la soirée, René Loiseau prit en charge les aviateurs et les emmena par le métro jusqu’à la gare Montparnasse.
Dans le hall de la gare ils furent mis discrètement en contact avec Henri Bois, chef des convoyeurs pour le réseau Shelburn. Cet homme les attendait avec des billets de chemin de fer pour leur prochain déplacement de nuit vers la Bretagne. Deux jeunes guides parlant anglais les accompagnèrent sur le quai vers un compartiment du train qui avait été réservé. Le départ vers la Bretagne était prévu aux alentours de 22h30.
18 mars – Après un voyage sans incident, le train entra au petit matin en gare de Saint-Brieuc. Les aviateurs se mêlèrent aux autres voyageurs sur le quai. Après avoir franchi les points de contrôle, ils embarquèrent dans un autre train pour la poursuite de leur évasion. Descendus à la gare de Chatelaudren, ils furent guidés vers la ferme de Jean-Marie Le Sommier, dans le hameau de Kerjagu, près de Plouagat. Bergeron, Wolf, Lorenzi, Costello, Packer et Sweeney passèrent le restant de la journée et la nuit du 18 au 19 mars dans cette ferme isolée.
Plouagat - La ferme de Kerjagu
19 mars – En fin de matinée, les six aviateurs furent rejoints par six autres de leurs compatriotes (Schafer, Richardson, Dicken, Hennessy, Risch et Scanlon) arrivés également du train de nuit en provenance de Paris. Tous devaient maintenant gagner la côte.
Partie de Guingamp, la camionnette à gazogène, conduite par le garagiste François Kérambrun, arriva à la ferme de Kerjagu avec déjà à son bord quatre aviateurs (King, Johnson, Viola et McGlynn), un soldat hindou du Royal Indian Army Service Corps (Buland Khan) et deux agents de la Résistance (Georges Le Droff et Roger Dehen). Bergeron, Wolf et leurs dix compatriotes se joignirent aux autres à l’arrière du véhicule puis la bâche fut abaissée. François Kérambrun prit ensuite la direction du village de Plouha, distant d’une quinzaine de kilomètres, en empruntant des routes secondaires. A l’approche de Plouha, la camionnette stoppa dans un sentier. Marie-Thérèse Le Calvez et deux jeunes hommes qui attendaient prirent en charge les évadés dans la nuit, les divisant en groupes.
Tous les évadés furent ensuite réunis à la Maison d’Alphonse, une demeure inoccupée appartenant à la famille Gicquel. C’était la dernière étape avant de gagner le lieu d’embarquement vers l’Angleterre, la plage de l’anse Cochat.
Cette opération d’embarquement, la quatrième depuis janvier, s’effectuait sans la présence de Dumais et Labrosse, les chefs du réseau, qui avaient regagné Paris. C’est donc François Le Cornec, le chef de la Résistance locale qui dirigea l’opération. Vers minuit, à la Maison d’Alphonse, il adressa aux évadés certaines recommandations de sécurité. Vers 0h10, dans l’obscurité la plus totale, les évadés s’engagèrent par groupes en file indienne sur un petit sentier menant vers le sommet de la falaise, encadrés par Jean Tréhiou, Job Mainguy, Pierre Huet, Marie-Thérèse Le Calvez et François Le Cornec. Pendant les 30 à 40 minutes de cette marche sur les petits sentiers, chacun tendait la main sur l’épaule de celui qui le précédait.
La plage de l'anse Cochat et la falaise vues depuis le large.
Un énorme éboulement de la falaise permettait d’accéder à la plage. Tous les aviateurs et leurs guides dévalèrent la pente abrupte dans l’obscurité. Blottis au creux des rochers sur la plage, ils devaient désormais attendre l’arrivée des embarcations.
A l’heure convenue, la corvette MGB 503 de la Royal Navy, sous le commandement du Lt Robert Michael Marshall, se présenta au large et mouilla l’ancre près du rocher du Taureau. Quatre chaloupes furent mises à la mer dans le plus grand silence et naviguèrent en direction de la plage, guidées par des signaux optiques émis à la fois par Job Mainguy posté à mi-hauteur dans la falaise et par Marie-Thérèse Le Calvez, l’une des guides âgée de 17 ans, postée plus bas, qui émettait un signal lumineux bleu. L’alignement des signaux permettait de guider les embarcations vers la plage.
Il était 1 heure 30. L’embarquement demanda une dizaine de minutes. Les quatre chaloupes ayant rejoint la corvette, celle-ci s’éloigna ensuite progressivement, d’abord à faible allure, en direction de Dartmouth.
En cette nuit du 19 au 20 mars 1944, les 16 aviateurs américains dont Wolf et Bergeron, le soldat hindou Buland Khan et les deux membres de la Résistance avaient regagné la Liberté.
A Vineuil-Saint-Firmin, Di Betta et Weseloh furent ensuite confiés à Henri Lestienne où ils séjournèrent pendant six semaines. Pourvus de fausses cartes d’identité fournies par les gendarmes de Chantilly, les deux aviateurs furent ensuite emmenés chez René d’Halleine à Neuilly-en-Thelle qui les hébergea pendant trois semaines en compagnie d’autres aviateurs américains. Weseloh fut ensuite déplacé chez le Dr Andrieu.
De leurs côtés, après avoir quitté Gouvieux, Hewitt et Golden furent hébergés par Pierre Auzi à Blaincourt-lès-Précy avant d’être temporairement séparés.
Di Betta retrouva Hewitt à Bornel où ils furent logés par la famille Bokkelandt. Pris en charge par le réseau “Alsace” leur évasion les conduisit par la suite à Le Mesnil-Théribus chez Mme Marie-Louise Bonnin avant de prendre un train à Chaumont-en-Vexin à destination de Pontoise, puis d’Argenteuil, escortés par Henri Maigret.
A Argenteuil, les deux aviateurs furent successivement hébergés par Charles Biennais puis par Eliza Villeneuve chez qui ils séjournèrent pendant cinq semaines.
Di Betta et Hewitt furent finalement acheminés vers le camp de Bellande dans la forêt de Fréteval (Loir-et-Cher).
Egalement sous le couvert du réseau d’évasion “Alsace” Weseloh séjourna à Jouy-sous-Thelle chez Georges Bosset. Son périple l’amena à rejoindre, tout comme Golden, le camp de Bellande où ils retrouvèrent leurs compagnons Di Betta et Hewitt. Tous les aviateurs attendirent alors l’arrivée imminente des troupes libératrices. Tous furent ensuite rapatriés en Angleterre avant de rejoindre les Etats-Unis.
Mai 2017- La visite des enfants du S/Sgt Leonard F. Bergeron.