Clermont, Ully-Saint-Georges (Oise)
Visite des familles du 2nd Lt Glenn E. CAMP
et du S/Sgt Leonard F. BERGERON
Attendue avec impatience par tous les Clermontois, la suite du spectacle “Odette Sauvage, une Résistante” initié l’an dernier et réalisé par le Théâtre du Pressoir, était programmée le 31 août. Un projet auquel notre Association a prêté son concours, essentiellement pour la partie concernant l’aide aux aviateurs alliés.
En effet, au cours de la Seconde Guerre mondiale, Odette Sauvage hébergea dans sa petite maison de Clermont plus d’une vingtaine d’aviateurs alliés en compagnie de son ami Gaston Legrand et de son fils Edmond.
Edmond Sauvage, Odette Sauvage et Gaston Legrand
Ce projet n’avait pas manqué d’attirer l’attention de nos amis américains. Deux familles avaient aussitôt décidé de traverser l’Atlantique afin d’assister à cette représentation : les familles du 2nd Lt Glenn E. Camp et du S/Sgt Leonard F. Bergeron.
Le 2nd Lt Glenn Camp était le pilote du B-17 “Judy” tombé à Ully-Saint-Georges le 30 décembre 1943. Son évasion l’amena à séjourner chez Odette Sauvage pendant trois semaines en janvier 1944. Il fut malheureusement fait prisonnier par les Allemands quelques mois plus tard à bord d’un train près de la frontière espagnole.
Le S/Sgt Leonard F. Bergeron, mitrailleur à bord du B-17 # 42-31388 du 306th Bomb Group tombé sur le territoire de Campremy le 11 février 1944, fut hébergé pendant une semaine chez les Legrand-Sauvage. Le mois suivant, il parvint à regagner l’Angleterre grâce à la filière d’évasion Shelburn après avoir transité par Paris et la Bretagne.
2nd Lt Glenn E. CAMP S/Sgt Leonard F. BERGERON
Quelques jours auparavant, nous avons d’abord accueilli Cherrie, fille du 2nd Lt Glenn E. Camp, accompagnée de son mari Tom et de leur fille Glenda, en provenance du Texas et du Colorado. Nous nous sommes rendus dans le village d’Ully-Saint-Georges, village près duquel l’appareil s’était abattu. Accueillis par la municipalité, un hommage en toute intimité a été rendu devant la stèle érigée en 2011.
Arrivés du Connecticut, Stephen Bergeron (fils de Leonard Bergeron) et son épouse Sandra nous rejoignaient le lendemain. Les familles Camp et Bergeron se rencontraient pour la première fois, liées par cette histoire commune qui avaient vu leurs pères être hébergés 75 auparavant par Odette, mais pas à la même période.
Glenda Gray, Sandra et Stephen Bergeron, Cherrie et Tom Warren, devant l’ancienne crèmerie d’Odette à Clermont.
où étaient hébergés leurs pères.
Une exposition intitulée “Résistances d’hier et d’aujourd’hui”, à laquelle s’étaient associés les écoliers, collégiens et lycéens de la ville, retraçait la vie d’Odette Sauvage depuis son enfance jusqu’à l’après-guerre tout en évoquant également les différentes formes de Résistance des femmes et leurs combats d’aujourd’hui. Quelques panneaux sur la Résistance et la Libération de Clermont réalisés par notre Association complétaient cette exposition.
Pour la représentation, les rôles de trois aviateurs étaient mis en scène. Virginie Dupressoir, ayant pris quelques libertés avec la vérité historique (ils ne faisaient pas partie du même équipage), avait décidé de leur donner les noms de Glenn Camp, Leonard Bergeron et Russel Faulkiner.
Quelques heures avant le spectacle, une rencontre aussi improbable qu’insolite se produisait. Les deux familles américaines présentes ont pu faire connaissance avec les acteurs qui allaient incarner leurs pères et grand-père sur scène.
Cherrie Warren et sa fille Glenda en présence “Glenn”,“leur père et grand-père” !
Une grande émotion pour la famille de Glenn Camp. “Il ressemble beaucoup à mon grand-père !” s’exclama instantanément Glenda. De son côté, “Glenn” avoua que c’était pour lui une grande responsabilité de jouer pour la première fois le rôle de quelqu’un dont la famille était présente !
Stephen Bergeron en compagnie de son “père” Leonard !
Stephen était également ravi de rencontrer son “père” tout intimidé. “C’est drôle, il est bien plus jeune que moi !” dit-il dans un éclat de rire.
Les familles Bergeron et Camp réunies.
Sur l’esplanade de donjon dominant la ville et qui allait servir de décor au spectacle, techniciens et acteurs s’activaient pour les ultimes préparatifs.
Bientôt le soleil disparut à l’horizon, laissant place à la douceur d’une belle soirée d’été. Le public commençait à s’installer et bien vite il apparut évident que l’affluence allait dépasser le nombre escompté.
Qu’importe ! A la nuit tombée, tout le monde avait réussi à prendre place. La représentation avec ses acteurs professionnels et sa trentaine de figurants pouvait débuter… devant plus de 700 spectateurs !
Différents tableaux, parfois entrecoupés de flash-back, allaient se succéder avec projection d’un mapping.
Après s’être parachutés, les trois aviateurs sont secourus par la population.
Les aviateurs chez “Petite Mama” Odette.
Les visages d’Odette, d’Edmond et de Gaston.
Le chœur des résistantes.
Chez Odette !
Odette (à gauche, jouée par son arrière-arrière petite-fille) avec sa mère et sa sœur.
Préparé depuis plusieurs années, ce spectacle fut longuement applaudi. Le talent de Virginie et de sa troupe a une nouvelle fois été amplement salué par tous les spectateurs. Quel succès !
Quelle émotion ressentie aussi par nos amis américains en découvrant que le souvenir d’Odette, qui pris tant de risques à héberger les leurs au cours des heures sombres de notre Histoire, a été rappelé à travers ce spectacle. Bien des larmes ont coulé lorsqu’elles ont vu apparaître sur les murs les visages de leurs pères tout en appréciant la performance de l’ensemble des acteurs, en particulier ceux qui jouaient le rôle des aviateurs.
S’ensuivait un bal populaire au cours duquel les membres de l’Association “N’oublie pas 44” se sont joints au public, permettant à tous de replonger davantage encore dans l’ambiance de la Libération.