4 septembre 2016
Clermont (Oise)
72e anniversaire de la Libération
Hommage à Georges Fleury, à sa famille
et à l’ensemble de la Résistance clermontoise.
Cette journée de commémoration du 72e anniversaire de la Libération débuta devant le monument aux morts de la ville où une foule nombreuse s’était rassemblée.
Après le ravivage de la flamme du souvenir en mémoire des enfants de la ville morts pour la France, Mr Lionel Ollivier, maire de la commune, rappela la période trouble de l’occupation, les souffrances, les privations endurées par la population lors de cette période noire de notre Histoire. Il évoqua le rôle actif de la Résistance locale sans oublier le drame du terrible bombardement de la ville par l'Aviation alliée le 25 août 1944, quelques jours seulement avant sa Libération, le 1er septembre, par l’Armée américaine.
“La mémoire, c’est ce qui nous unit “ concluait-il avant le dépôt de gerbes et l'hymne national.
Toute l’assistance était ensuite invitée à se rendre en cortège rue Pierre Viénot pour assister au dévoilement d’une plaque en hommage à la Résistance.
C’est donc devant le domicile de Georges Fleury que se poursuivait cette commémoration. Dans cette maison, haut-lieu de la Résistance clermontoise pendant la Seconde Guerre mondiale, Georges Fleury, responsable du secteur-centre-Oise de l’O.C.M. (Organisation Civile et Militaire) sous le pseudonyme de "Carrière", organisait des réunions clandestines et la lutte contre l’occupant.
C’est à Annette, résistante et fille cadette de Georges Fleury, accompagnée de son petit-fils, qu’est revenu l’honneur de dévoiler la plaque à l’entrée de la propriété familiale, moment d’émotion immédiatement suivi du Chant des Partisans, l'hymne de la Résistance.
Sur cette plaque n’apparait pas le nom de la famille Fleury. Celle-ci avait souhaité ainsi rendre hommage à l’ensemble des résistants de la ville qui s'étaient élevés contre l’occupant.
Débutaient ensuite les discours officiels.
Dominique Lecomte, Président de l’ASAA-OISE, a tout d'abord retracé la vie de Georges Fleury, son investissement et celui de sa famille qui, dès les premiers mois de l’Occupation, ne s’étaient pas résignés et étaient aussitôt entrés en Résistance. Face à l’omniprésence ennemie et aux risques impitoyables de répression Georges Fleury avait réussi, au fil du temps et malgré tous les risques, à organiser et à rassembler des personnes de conviction qui permirent à notre pays de retrouver sa Liberté.
Il rappela également que cette maison fut un lieu d’asile pour de nombreux aviateurs alliés tombés dans notre région. Georges Fleury, son épouse Rachel et leurs trois enfants France-Raphaëlle, Alain et Annette hébergèrent plus d’une quinzaine de ces hommes tombés du ciel tout au long de la guerre. France-Raphaëlle, Alain ou Annette se chargeaient parfois de les convoyer jusque Creil ou Paris. Un certain nombre de ces aviateurs provenaient ou furent remis au réseau « Alsace », dirigé par Gilbert Thibault à Auneuil, dans le Beauvaisis. Des contacts convenus permettaient ensuite de les mener sur les chemins de la Liberté, via l’Espagne ou la Bretagne avant qu’ils puissent rejoindre l’Angleterre.
Associé à cet hommage rendu envers la Résistance locale, a été évoqué l’inconditionnel engagement de la famille Legrand-Sauvage. Habitant à seulement quelques mètres de la Kommandantur et commerçants bien connus des Clermontois, Gaston Legrand, sa compagne Odette Sauvage et son fils Edmond n’avaient pas hésité à héberger plus d’une vingtaine d’aviateurs alliés durant le conflit. Lors de cette cérémonie nous avions le grand honneur d’accueillir Cherryl Warren et Glenda Gray, venues spécialement du Texas et du Colorado, fille et petite-fille du 2nd Lt Glenn E. Camp. Recueilli pendant trois semaines par la famille Legrand-Sauvage en janvier 1944, elles avaient tenu à assister à cette cérémonie et à exprimer leur profonde reconnaissance envers toutes ces familles françaises qui prirent tant de risques pour soustraire les aviateurs aux recherches ennemies.
Le rôle prépondérant des médecins, tel le Dr Gaston Redaud, a été rappelé. Munis d’une autorisation de circuler, ils participèrent également à soigner, à transporter et à héberger ces hommes tombés du ciel qui apportaient un parfum de Liberté.
Avant de passer la parole aux autres intervenants, au nom de l’Association des Sauveteurs d’Aviateurs Alliés, Dominique Lecomte a tenu à remercier l’ensemble de la famille Fleury, la municipalité et les autorités départementales d’avoir permis cet hommage envers ceux qui ne s’étaient pas résignés. Cette plaque permettra de rappeler aux générations futures qu’en ce lieu se réunissaient ceux qui avaient choisi de ne pas plier, de lutter contre l’oppression malgré la peur de l’arrestation, de la torture et de la déportation dont si peu sont revenus.
Jean-Marc Sauvage, petits-fils d’Odette, prenait ensuite brièvement la parole, évoquant les souffrances endurées par la population notamment lors du bombardement aérien de la ville quelques jours avant la Libération. Il concluait par ses mots : “Il est important de ne pas oublier tous ceux qui, un jour, ont choisi de se battre. S’ils n’avaient pas été là, nous n’aurions certainement pas la même vie aujourd’hui et nous ne parlerions peut-être pas la même langue !“
C'était ensuite au tour de Patrick Fleury, petit-fils de Georges Fleury, d’exprimer toute sa fierté de l’honneur témoigné envers son grand-père, sa famille, et par-delà à tous ceux qui avaient fréquenté ce lieu symbolique de la Résistance clermontoise. Il a tenu également à présenter sa tante Annette qui dévoila la plaque. Agée de 18 ans en 1944, elle participa à de nombreux actes de résistance tout au long de la guerre et ce jusqu’à la Libération. En février 1946, elle quitta Clermont pour assurer un poste de surveillante dans un Lycée de la zone d’occupation française en Allemagne, près du lac de Constance. Elle y rencontra son futur mari, Alsacien d’origine et ancien maquisard blessé au combat dans le département de la Vienne. Ils s’établiront ensuite définitivement en Lorraine.
Patrick Fleury céda ensuite la parole à son fils Benjamin qui lut l’émouvant témoignage de Mr Roger Folliot, alias “Titou” qui, en raison de son grand âge, ne put malheureusement pas assister à la cérémonie. Résistant et fidèle compagnon d’Alain Fleury, il était considéré comme un enfant de la famille et participa à la transmission de documents clandestins, à la réception de parachutages nocturnes, au transport d’armes et à de multiples autres actions dangereuses destinées à nuire à l’occupant.
La cérémonie officielle tirait à sa fin. Patrick Fleury remercia tous ceux qui avaient contribué à réaliser cette journée mémorable avant que la municipalité nous invite au verre de l’amitié.
Ce vin d’honneur fut l'occasion de formidables rencontres entre toutes les personnes présentes !
Ses grands-parents hébergèrent son père en janvier 1944.
Différents panneaux ornés de photos et de documents inédits évoquaient le rôle de la Résistance clermontoise, l’aide aux aviateurs alliés et la Libération de la ville.
Environ 250 visiteurs de tous âges, dont des témoins de cette douloureuse période de notre Histoire locale ou leurs enfants, nous ont rendus visite au fil des jours permettant de formidables rencontres et d’enrichissants échanges.