14 avril 2011
Sainte-Eusoye (Oise)
Visite de la famille du F/S Eric G. Rippingale
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In English
Le 14 avril 2011 nous avons eu le plaisir de recevoir Mme Aïssa Rippingale accompagnée de ses trois fils Eric, Roland et Mark. Cette famille anglaise avait décidé de faire le voyage en France en mémoire du Flight Sergeant Eric G. Rippingale, opérateur-bombardier à bord d’un Avro Lancaster II de la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, 327 bombardiers anglais avaient pour mission de détruire le potentiel de communication et de transport allemand en France. Les appareils du Squadron 514 de la RAF étaient chargés plus précisément de bombarder la gare de Massy-Palaiseau, dans l’Essonne. Après avoir décollé à 00h27 de leur base de Waterbeach en Angleterre, les avions remplissaient pleinement leur mission de bombardement puis retournèrent vers leur aérodrome.
Intercepté par un Junker 88, chasseur de nuit allemand, le Lancaster II (serial LL 727, code squadron JI-C2) ne put regagner sa base en raison de son aile droite en feu. Le pilote, le Flying Officer Louis Greenburgh, parvenait malgré tout à maintenir son avion en vol afin de permettre à l’ensemble de l’équipage de sauter en parachute.
Le Flight/Sgt Eric G. Rippingale, opérateur bombardier, évacua rapidement l’appareil et atterrit à proximité de Saulx-Les-Chartreux (Essonne). Seul, en pleine nuit, et dans une région qu’il ne connaissait pas, il erra jusqu’à ce qu’il rencontre un jeune garçon nommé Claude. Ce jeune français informa rapidement Serge Boldrini, membre de la Résistance du secteur, qui le cacha dans un lieu sécurisé. Cette cachette était une villa nommée "La Tour Prends Garde". Dans ce refuge, il fit la connaissance d'Aïssa (sœur de Serge Boldrini) qui venait lui apporter de la nourriture. Pris en charge par un réseau d’évasion il regagna par la suite l’Angleterre. Après la guerre le F/Sgt Rippingale revint en France et épousa la jeune Aïssa. De leur union naquirent trois enfants : Eric, Roland et Mark. Quant à Serge Boldrini (Sergent FTP) il connut une fin tragique. Il fut tué par les Allemands le 19 juillet 1944 sur le quai du métro Pasteur, à Paris. Une plaque commémorative apposée à sa mémoire est visible à cet endroit ainsi qu’à "La Tour Prends Garde".
Eric G. Rippingale est décédé le 6 juin 1991 à l’âge de 69 ans.
Tout l’équipage parvint à évacuer le Lancaster en perdition et chacun connut un parcours différent.
Le Warrant Officer Leslie J. W. Sutton, copilote, se posa à Saulx-les-Chartreux où il fut recueilli et caché aux autorités allemandes.
Le Flying Sergeant Ronald Fox, navigateur, évacua en parachute le Lancaster. Il fut également recueilli après son atterrissage sur le sol français.
Le Sergeant Franck Collingwood, mécanicien, fut fait prisonnier par les Allemands et fut interné au camp L7 (POW 80059).
Le Sergeant Frederick J. Carey, mitrailleur, fut lui aussi fait prisonnier par les soldats allemands (POW 384).
Le Sergeant Richard J. Woosnam, mitrailleur arrière, fut capturé le 3 juillet 1944 et interné au camp L7 (POW 424).
Le Flight Sergeant Gordon H. Stromberg, opérateur-radio, gravement blessé, futt retrouvé accroché à des fils électrique par les suspentes de son parachute. Transporté par les Allemands dans un hôpital à Amiens il décéda le 9 juin. Il repose au cimetière Saint Pierre à Amiens.
Le Flying Officer Louis Greenburgh, pilote, parvint à évacuer son avion avant qu’il ne s’écrase près du village de Sainte-Eusoye. D’abord recueilli par la famille Levieille à Sainte-Eusoye, il fut ensuite pris en charge par un réseau d’évasion et fut caché successivement à Puits-la-Vallée, Wavignies, Thury-sous-Clermont, Mouy puis à Paris pour finalement aboutir dans le camp de Fréteval (Loir-et-Cher). Il resta dans ce camp jusqu’à sa libération le 13 août 1944 par les troupes alliées.
Depuis plusieurs années Mark Rippingale effectuait des recherches sur le parcours de son père pendant la guerre ainsi que sur cette mission tragique de la nuit du 7 au 8 juin 1944. Grâce à internet il entra en relation avec Dominique Lecomte qui lui apporta des informations sur les évènements qui s'étaient déroulés après la chute du bombardier. Ces multiples contacts décidèrent la famille Rippingale à venir en France pour se recueillir sur les différents lieux en relation avec le crash de l’appareil et pour rencontrer les témoins de l’époque.
A l'occasion de cette visite, la famille Rippingale eut la grande joie de pouvoir rencontrer Mme Micheline Lefebvre (née Levieille). Mme Lefebvre qui, à l'époque des faits n'avait qu'une dizaine d'années, avait participé à l'aide apportée à l'un des aviateurs. Elle se souvient très bien avoir amené de la nourriture à l'un des membres de l'équipage sans malheureusement se souvenir de son nom. Il s'agissait vraisemblablement du F/O Louis Greenburgh, pilote du Lancaster. Le mari de Micheline, Pierre Lefebvre était lui aussi présent à Sainte-Eusoye dans la nuit du 7 au 8 juin 1944. Alors âgé de 14 ans, il avait été réveillé par l'énorme explosion produite par l'impact du Lancaster dans le champ. Le lendemain, le jeune garçon avait pu s'approcher des débris éparpillés sur la zone de la chute de l'avion et il en garde un souvenir très précis.
Après avoir accueilli nos amis anglais en présence de Mr Pierre Dugrosprez, maire de la commune et propriétaire de la parcelle agricole, nous nous sommes dirigés sur le lieu du crash.
Sur le site, de nombreux débris du Lancaster ont été retrouvés témoignant de la violence du choc lors du crash. Ces morceaux de l'appareil étaient d'une valeur sentimentale très importante pour la famille Rippingale. Ce fut avec une certaine émotion qu'ils regagnèrent l'Angleterre avec quelques pièces de métal de l"appareil dans lequel le F/S Eric G. Rippingale effectua son dernier vol.
En ce même lieu, nos invités avaient souhaité offrir un cadeau à Dominique Lecomte en remerciement de son aide pour la réalisation de cette journée.
Nous nous sommes rendus par la suite dans une maison se situant juste à proximité du lieu du crash du Lancaster. Dans la nuit du 7 au 8 juin 1944, l'énorme explosion produite par la chute du bombardier avait réveillé en sursaut les habitants. Un des résidents, pris de panique, évacua le premier étage en se jetant par la fenêtre toujours visible de nos jours. Heureusement pour lui, il s'en tira avec plus de peur que de mal.
Pour le F/S Rippingale cette mission devait se terminer par son retour en Angleterre après plusieurs péripéties. Malheureusement pour le F/Sgt Gordon H. Stromberg, l'évacuation en urgence de l'appareil lui fut fatale.
La famille Rippingale souhaita donc se rendre sur le lieu de sa chute en parachute ainsi qu'au cimetière Saint Pierre d'Amiens afin de lui rendre hommage. Cette journée s'acheva par un instant de recueillement près des lignes électriques où, à l'époque, fut retrouvé le malheureux aviateur gravement blessé encore suspendu à son parachute.