Nuit du 7 au 8 juin 1944
Lancaster MkII LL727
Squadron 514 de la Royal Air Force
Sainte-Eusoye (Oise)
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In English
Au cours de la nuit du 7 au 8 juin 1944, plus de 300 appareils de la Royal Air Force avaient pour mission de détruire des installations ferroviaires situées en région parisienne afin d’empêcher l’afflux de troupes allemandes vers le front de Normandie où les Alliés avaient débarqué la veille.
Participèrent à ce raid nocturne les bombardiers lourds du Squadron 514 équipé de Lancasters basés à Waterbeach, près de Cambridge. Parmi ceux-ci, le Lancaster LL727 avec à ses commandes le F/O Louis Greenburgh, un pilote canadien expérimenté déjà titulaire le la D.F.C. (Distinguished Flying Cross), qui effectuait cette nuit-là sa 26e mission.
Pour le Squadron 514, l’objectif désigné par le Bomber Command était l’important nœud ferroviaire stratégique de Massy-Palaiseau, en banlieue sud de Paris.
Le Lancaster LL727 décolla peu après minuit, chargé de près d’une tonne de bombes.
L’équipage :
F/O Louis GREENBURGH | Pilote | 28 ans | Canadien |
W/O Leslie J. W. SUTTON | 2e Pilote | 22 ans | Britannique |
Sgt Franck COLLINGWOOD | Mécanicien | Britannique | |
F/Sgt Ronald FOX | Navigateur | Britannique | |
F/Sgt Eric G. RIPPINGALE | Bombardier | Britannique | |
F/Sgt Gordon H. STROMBERG | Opérateur-radio | 19 ans | Britannique |
Sgt Frederick J. CAREY | Mitrailleur | Britannique | |
Sgt Richard J. WOOSNAM | Mitrailleur | 23 ans | Britannique |
Après avoir rejoint sa formation, le cap était mis vers l’objectif. Parvenus au dessus la cible, la Flak entra en action, plus intense que prévue. Depuis une altitude de 3 000 m, les vagues de bombardiers lourds déversèrent leur chargement de bombes.
Le Lancaster LL727 fut immédiatement attaqué par un chasseur de nuit. L’aile droite commença à prendre feu. Le pilote entama immédiatement de violentes manœuvres pour échapper à l’ennemi et plongea vers le sol afin de tenter d’éteindre les flammes, pensant que les réservoirs d’essence allaient exploser. Le pilote donna alors l’ordre d’évacuer.
Mais finalement les flammes s’éteignirent. Le pilote, pensant désormais pouvoir contrôler l’appareil et rentrer en Angleterre, lança le contre-ordre de rester à bord mais le copilote Sutton, le mécanicien Collingwood, le navigateur Fox et le bombardier Rippingale étaient déjà suspendus dans les airs sous leurs parachutes au-dessus du département de l’Essonne.
Alors qu’ils survolaient le département de l’Oise, le Sgt Woosnam signala la présence d’un Junkers-88 arrivant par l’arrière. Subissant les tirs de l’appareil ennemi, le Lancaster fut de nouveau gravement endommagé. L’espoir de rallier l’Angleterre était anéanti. Le pilote ordonna d’abandonner définitivement l’appareil. Les Sgts Woosnam et Carey se parachutèrent, suivis du F/Sgt Stromberg puis du F/O Greenburgh.
Vide de ses occupants, le Lancaster percuta le sol près du hameau de Sauveleux.
Le Warrant Officer Leslie Sutton fut initialement recueilli près de Saulx-les-Chartreux (Essonne). Il fut ensuite emmené à Savigny-sur-Orge où il retrouva le F/Sgt Ronald Fox et le F/Sgt Eric Rippingale. Les trois aviateurs furent ensuite hébergés notamment chez Lucien et Jeannette Cislowski à Linas, près de Montlhéry. Ils restèrent en région parisienne, sous la protection de la Résistance, jusqu’à la Libération.
Le Flight/Sergent Eric Rippingale atterrit également à proximité de Saulx-les-Chartreux. Seul, en pleine nuit, il erra jusqu’à ce qu’il rencontre Serge Boldrini, membre de la Résistance du secteur, qui le cacha dans un lieu sécurisé : la villa nommée "La Tour Prends Garde". Dans ce refuge, le F/Sgt Rippingale fit la connaissance d'Aïssa (la sœur aînée de Serge Boldrini) qui venait lui apporter de la nourriture. Après la guerre, le 7 juin 1947, il reviendra en France pour épouser la jeune Aïssa. Quant à Serge Boldrini, sergent FTP, il fut tué par les Allemands le 19 juillet 1944 sur le quai du métro Pasteur à Paris. Il avait 21 ans. Une plaque commémorative à sa mémoire est apposée à cet endroit ainsi qu’à "La Tour Prends Garde".
F/Sgt Eric G. Rippingale
Le Sgt Franck Collingwood, qui s’était parachuté au-dessus de l’Essonne, fut capturé puis transféré dans un camp de prisonniers en Allemagne.
Le Flight/Sergent Gordon Stromberg, gravement blessé, se retrouva suspendu, par les suspentes de son parachute, à des fils électriques, près de Sainte-Eusoye, Capturé et transporté par les Allemands dans un hôpital à Amiens, il y décéda le lendemain. Il repose au cimetière Saint-Pierre à Amiens.
F/Sgt Gordon H. Stromberg
Le Flying Officer Louis Greenburgh fut recueilli par la famille Levieille à Sainte-Eusoye. Pris ensuite en charge par la Résistance, il fut successivement caché à Puits-la-Vallée, Wavignies, Thury-sous-Clermont, Mouy puis à Paris. Il fut finalement convoyé vers le camp de Fréteval (Loir-et-Cher) où étaient regroupés les aviateurs évadés. Il resta dans ce camp jusqu’à l’arrivée des troupes alliés le 13 août 1944.
Joseph Bugar et Maria Dubzak furent également arrêtés. Joseph Bugar, blessé le 9 août, lors du bombardement de la gare de Compiègne, fut hospitalisé, évitant ainsi la déportation. Maria Dubzak, transférée à la prison de Compiègne puis au Fort de Romainville, fut déportée, le 15 août au départ de Pantin, vers le camp de concentration de Ravensbrück puis de Bergen Belsen où elle survivra. Un certain nombre d'habitants de Wavignies furent également arrêtés et déportés vers les camps de la mort.
Sgt Frederick J. Carey
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