• Plage Bonaparte à Plouha (Côtes d'Armor) - Haut-lieu de la Résistance

  • Sacy-le-Grand (Oise) - Mémorial en souvenir du F/O H. H. MacKenzie (RCAF)

  • Supermarine LF Mk.Vb Spitfire EP120 - G-LFVB - (The Fighter Collection)

  • Le Cardonnois (Somme) - Stèle à la mémoire de l'équipage du Boeing B-17 #42-31325, 452nd Bomb Group

  • B-17G-85-VE 44-8846 - F-AZDX - (FTV)

 

15 septembre 1943

 

B-17F # 42-3452

100th Bomb Group, 350th Bomb Squadron

8th Air Force

 

Montiers (Oise)

 

 

                                                                                                         Copyright © 2024 Association des Sauveteurs d'Aviateurs Alliés - Tous droits réservés -
                                                                                                         In English anglais

 

 

     Objectif de la mission : bombardement les usines Caudron-Renault de Boulogne-Billancourt et Courbevoie et Hispano-Suiza de Bois-Colombes. Il s'agit de frapper massivement les ateliers de production de camions au service du Reich.

     C’est la 4e mission de l’équipage. 152 B-17 sont déployés pour l’ensemble de la 8th Air Force. Ayant décollé de Thorpe-Abbots vers 17 heures, deux des quatre moteurs du B-17 # 42-3452 sont touchés par la Flak aux abords de l’objectif mais l’appareil parvient à larguer sa cargaison de bombes. Le pilote tente malgré tout de rallier l’Angleterre. Ayant perdu de la puissance, il est vite contraint d’abandonner la formation. Rapidement trois chasseurs ennemis apparaissent. L’un d’eux est semble-t-il abattu par un des mitrailleurs. L’appareil survole bientôt la région de Saint-Just-en-Chaussée. Les moteurs laissent échapper de la fumée noire. Le pilote donne l’ordre d’évacuer. Tour à tour, les 10 membres de l’équipage parviennent à s’extraire de l’appareil. Progressivement la Forteresse volante abandonnée perd de l’altitude, tournoie un long moment et vient s’abattre dans un champ à proximité du village de Montiers. Il est environ 19 heures.

L'équipage :

2nd Lt Arthur M. VETTER

Pilote

25 ans

Pittsburgh, Pennsylvanie

2nd Lt Donald G. SMITH

Copilote

Montana

2nd Lt Wendell K. McCONNAHA

Navigateur

24 ans

Blair,Nebraska

2nd Lt James G. BORMUTH

Bombardier

24 ans

Baltimore, Maryland

T/Sgt Orval L. PARSONS

Mitrailleur dorsal

22 ans 

Ohio

T/Sgt John M. WAGNER

Opérateur-radio

22 ans

Newport, Pennsylvanie

S/Sgt Edward W. FONTAINE

Mitrailleur ventral

26 ans

West Warwick, Rhode Island

S/Sgt Hobart C. TRIGG

Mitrailleur latéral

21 ans

Simpson, Illinois

S/Sgt Edward M. DALY

Mitrailleur latéral

21 ans

Newark, New Jersey

S/Sgt Warren G. LUSH

Mitrailleur arrière

22 ans

Atlanta, Nebraska

 

crew
Au 1er rang de g. à d. : Arthur Vetter, James Bormuth, Donald Smith, Wendell McConnaha
Au second rang de g. à d. : Edward Fontaine, William Edwards*, John Wagner, Hobart Trigg, Edward Daly, Orval Parsons.

* William Edwards fut remplacé lors de la mission par Warren Lush.

     Le 2nd Lt Arthur Vetter ouvre immédiatement son parachute après s’être extrait de l’appareil. Lors de sa descente, il aperçoit au loin son avion s’écraser et brûler. Arthur Vetter atterrit dans une pâture près du village de Pronleroy, à proximité de la ferme de Raymond Violet. Immédiatement des Français se précipitent auprès de lui. L’un d’eux s’empare de son parachute et de sa Mae-west puis s’enfuit en courant. Demandant quelle direction prendre, Mme Violet, qui parle anglais, lui indique le bois de Pronleroy, à 800 m de distance, vers lequel il se dirige rapidement.

A la nuit tombée, Yves Hervé, André Violet et Jean Tumerelle partent à sa recherche mais ils ne le trouvent pas. Ils ont alors l’idée de siffler le Tipperary. Aussitôt Arthur Vetter se découvre. Après un échange de poignée de mains, il est emmené à la ferme de Raymond Violet.

Arthur M Vetter

2nd Lt Arthur Vetter

     Le S/Sgt Warren Lush touche le sol près du village de La Neuville-Roy où il est rapidement entouré de plusieurs Français qui s’emparent de son parachute et de sa Mae-west. Il est emmené dans une ferme. Pierre Bergère, alias « Alexandre », réfractaire au S.T.O. et responsable d’un détachement du groupe de Résistance « Jacques Bonhomme » le conduit rapidement à vélo à Pronleroy, dans la ferme dirigée par Marcel Hervé, sa femme et leur fils Yves. Au cours de la soirée, il est emmené dans la ferme voisine de Raymond Violet où il retrouve son pilote Arthur Vetter.

     Le T/Sgt John Wagner atterrit dans un champ de betteraves à sucre près de La Neuville-Roy. En touchant le sol il se casse la cheville (le péroné selon le Dr Roger Bouchard qui le soignera plus tard à Clermont). Rapidement, des Français accourent pour l’aider. Ils s’emparent de son parachute et de ses bottes de vol qu’ils cachent dans une haie.

Recueilli ensuite par le cultivateur Jacques Buquet accompagné d’un employé de sa ferme, John Wagner est transporté dans la soirée sur une chaise par des chemins de plaine jusqu’à Pronleroy. Soudain les Violet entendent frapper vigoureusement au portail de leur ferme. C’est la stupeur. Les lumières sont vite éteintes. Raymond Violet a la surprise de voir qu’il s’agit de son beau-frère, Jacques Buquet qui lui amène un aviateur. John Wagner retrouve alors Arthur Vetter et Warren Lush.

     A Pronleroy, Arthur Vetter, John Wagner et Warren Lush sont nourris et des vêtements civils leur sont donnés. Ils passent ensuite la nuit dans une grange à foin.

Le lendemain (16 septembre), afin d’échapper aux Allemands qui sont à leur recherche, ils partent se dissimuler dans les bois. Un avion de reconnaissance allemand survole le secteur. La nuit venue, ils marchent à travers champs et arrivent dans une ferme. Ils sont nourris puis dorment dans une grange. Le 17 septembre dans la matinée, John Wagner, qui a des difficultés à marcher, est emmené en voiture à Clermont. Dans la soirée, Arthur Vetter et Warren Lush arrivent dans une autre ferme où des Français leur montrent leurs armes. (Nota : l’une des deux fermes où séjournent les aviateurs est celle d’Ernest Blanchet à Fouilleuse). Le lendemain, 18 septembre, Gaston Legrand les conduit sur sa moto, chez lui à Clermont, où ils retrouvent John Wagner.

     Le 15 septembre 1943, selon le témoignage de Charles de Jandin, habitant à Plainval, un aviateur atterrit en parachute sur le plateau proche de la route menant à Montdidier, entre Plainval et Saint-Just-en-Chaussée. Cet aviateur, très certainement le 2nd Lt Wendell McConnaha, part se cacher seul dans les bois. Il est recueilli le soir-même dans la maison dite du « Bel Air » avant d’être rapidement emmené au château de Wavignies, pris en charge par Henri et Yvonne Vincenot, les gardiens du château.

Vincenot

Henri Vincenot

     Le 15 septembre 1943, Marie-Thérèse, la femme de Charles de Jandin, propriétaire du château de Plainval, aperçoit depuis sa chambre à l’étage un grand parachute blanc descendre très vite dans le parc. Sa mère, Madeleine de Maissin, et sa belle-sœur, Anne-Marie, accourent immédiatement vers cet inconnu tombé du ciel afin de le débarrasser de son parachute emmêlé dans un plant de haricots à rames. Cet aviateur s’avère être le 2nd Lt James Bormuth. Craignant l’arrivée des Allemands, la famille de Jandin le cache rapidement dans un recoin du parc jusqu'à la tombée de la nuit.
Bormuth
2nd Lt James Bormuth
 
Les Allemands ne tardent pas en effet à se présenter dans le village. Des habitants, bien qu'ils aient vu l'aviateur tomber dans la propriété, les orientent dans la direction opposée. Pierre, le frère de Charles de Jandin, qui parle anglais, arrive et lui demande s'il préfère être caché dans le château ou en dehors.
L’aviateur opte pour la seconde solution. Vers 1 heure du matin, Charles et Pierre de Jandin l’emmènent dans le bois « Mayeuse » tout proche où des ballots de paille ont été aménagés et lui donnent de la nourriture. Depuis sa cachette, il peut apercevoir des véhicules allemands passer fréquemment sur la route départementale.
Le lendemain matin, outre des victuailles, Charles et Pierre de Jandin lui apportent des vêtements civils, des cigarettes et de la lecture en langue anglaise. Parlant avec lui, ils lui demandent : « Quelles sont les consignes si vous tombez en parachute ? ». James Bormuth leur répond : « Si nous tombons en Allemagne, nous sommes perdus mais si c’est en France, nous savons que nous pouvons faire confiance aux paysans français et c’est ce que je fais ! »
 
Charles de Jandin                     Pierre de Jandin
                                                                Charles de Jandin                                                            Pierre de Jandin                             
                                                                                                                          Engagé dans la 1ére Armée française en octobre 1944.
                                                                                                                                  Mort pour la France à Huningue (Haut-Rhin)
                                                                                                                             le 1er décembre 1944 lors des combats d’Alsace.                         
 
Le Dr Edmond Caillard, de Saint-Just-en-Chaussée, a entre temps été contacté par une jeune femme, amie de la famille de Jandin. Possédant une autorisation de circuler, il transfère dans la soirée du 17 septembre le 2nd Lt Bormuth à bord de sa voiture vers le château de Wavignies, l’ayant préalablement affublé d’un pansement ensanglanté sur la tête. En cas de contrôle, le Dr Caillard peut prétendre transporter un blessé à l'hôpital. A Wavignies, il est recueilli par la famille Vincenot chez qui il retrouve Wendell McConnaha.
 
Caillard
Dr Edmond Caillard
 
Les Allemands, qui avaient logé au château pendant quelques temps auparavant, avaient détruit beaucoup de vieux livres. Pendant leur séjour, pour divertir les deux jeunes fils du couple Vincenot (âgés de 6 ans et 4 ans), les deux aviateurs confectionnent des avions en papier avec les pages détruites.

Le 21 septembre (le 22 selon Trigg), James Bormuth et Wendell McConnaha arrivent en voiture chez la famille Fleury à Clermont où ils sont hébergés pendant 18 jours, retrouvant leurs compagnons d'équipage Edward Daly et Hobart Trigg.

     Le S/Sgt Edward Daly, après avoir évacué l’appareil, est survolé par un chasseur allemand tout au long de sa descente en parachute. Il atterrit dans un champ puis court se mettre à l‘abri sous un arbre le temps que le chasseur disparaisse. Après avoir caché son parachute, alors que la nuit tombe, il marche pendant plusieurs heures et arrive dans le village de Cernoy. Espérant obtenir de l’aide de la part du curé, il se dirige vers l’église mais il trouve porte close. Remarquant un grenier à foin, il s’y cache pour le restant de la nuit et la journée du lendemain. Dans la soirée, il quitte sa cachette par une trappe débouchant dans un couloir, il frappe à une porte, entre et se retrouve face à Marguerite Peccatte, totalement stupéfaite par cette intrusion alors qu’elle est en train de préparer le repas du soir. Après lui avoir montré un paquet de cigarettes et ses plaques d’identification attestant qu’il est Américain, elle l’invite à s’asseoir dans la cuisine puis lui sert de la purée et des œufs crus. Lucien, son mari qui était déjà couché, apparait. Ils se serrent alors la main puis des vêtements civils lui sont donnés.

Le lendemain après-midi, 18 septembre, accompagné par deux hommes dont un dénommé « Guy » âgé de 20 ans, Edward Daly est emmené à bicyclette jusqu’au village de Rémécourt, au domicile de « Guy » dont le frère est instituteur.

     Le S/Sgt Hobart Trigg atterrit en parachute près du village de Montiers, à environ 300 m du lieu de chute de son appareil. Alors qu’il tente de décrocher son parachute pris dans un arbre, un groupe de Français approche. Il préfère s’éloigner dans la direction opposée. Selon ce qu’on lui a enseigné, il décide de se faire oublier pendant les premières heures de son évasion. La nuit tombée, il se déplace prudemment et se retrouve près du village de Moyenneville. Une grange abandonnée lui sert de refuge pour le reste de la nuit et la journée du lendemain. Dans la soirée, il approche un couple dans un champ mais l’homme est méfiant et le menace avec un bâton. Hobart Trigg lui montre l’étiquette « US Army Air Force » de son tee-shirt, obtenant de la nourriture puis il poursuit son chemin. La nuit suivante est passée dans une meule de foin. Celle d’après dans une remise, chez un fermier. Le lendemain matin, 18 septembre, une dizaine d’hommes arrivent. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus et ses réponses « Yeah » (similaire phonétiquement au « Ja » allemand) rendent Hobart Trigg suspect. Il doit les convaincre. Par chance, l’un des Français comprend l’anglais. Il lui demande d’écrire les noms des membres de son équipage. Il s’avère que les noms concordent avec ceux annotés sur un papier apporté par les hommes. Tous deviennent alors amicaux. Il est nourri et pourvu de vêtements civils. Son uniforme est mis dans un sac et brûlé. Dans la soirée, il est emmené à Rémécourt où il retrouve Edward Daly.      

     Le lendemain, Edward Daly et Hobart Trigg sont conduits à Clermont, (Trigg à moto et Daly en voiture), au domicile de Georges Fleury.

     Le S/Sgt Edward Fontaine atterrit dans une pâture entre deux vaches effarouchées. Après avoir rassemblé son parachute, il s’en débarrasse dans des herbes hautes et se met à courir alors que la nuit tombe. Quelques centaines de mètres plus loin, il se dissimule dans un champ d’herbes hautes pour passer la nuit. Le lendemain matin, 16 septembre, après s’être déplacé vers une meule de foin, il est approché par un jeune garçon qui lui apporte des vêtements civils. De part ses origines, Edward Fontaine parle français. Le jeune Français lui explique qu’étant d’une famille pauvre, il ne peut cependant pas l’aider davantage. Reprenant alors sa marche, il atteint un autre village (Saint-Aubin-sous-Erquery ?) où il est approché par deux femmes à bord d’une charrette. Elles l’emmènent vers une ferme. L’une d’elle, Madame Pol (ou Paul), le dissimule dans un bois proche d’Erquery. Ayant pris connaissance de la présence de l’aviateur, Paul Bruyer vient le prendre en charge dans la soirée et l’emmène chez lui, à Catenoy. Malgré tous les risques, Paul Bruyer et sa femme Marie héberge Edward Fontaine jusqu’au 2 octobre, date à laquelle Alfred Normand, directeur de l'usine chimique de Catenoy, l'emmène en voiture à son domicile, avenue Foch, à Senlis. Lors de son court séjour à Senlis, Alfred Normand lui décrit les emplacements des installations militaires ennemies de la région, des cibles potentielles qu’Edward Fontaine devra transmettre à ses supérieurs dès son retour en Angleterre.

Catenoy Sept 1943

Edward Fontaine entouré de la famille Bruyer à Catenoy en septembre 1943.

     Le 2nd Lt Donald Smith, qui a tenté de s’évader seul pendant quelques jours, est fait prisonnier. Il est envoyé au Stalag 7A de Moosburg (Allemagne).

     Le T/Sgt Orval Parsons, blessé à une jambe par un éclat de Flak, reçoit une piqûre de morphine de la part de Donald Smith avant de se parachuter. Il se cache pendant deux jours dans un bois où il est aidé par des Français. Soigné par un médecin, celui-ci décide, en raison de la gravité de sa blessure, qu’il est préférable de le remettre aux Allemands. Envoyé d’abord dans un hôpital, Orval Parsons passe ensuite le reste de la guerre au Stalag 17B de Krems-Gneixendorf, en Autriche.

     A Clermont, sept aviateurs de l’équipage sont désormais répartis dans deux familles :

       - Arthur Vetter, Warren Lush et John Wagner chez Gaston Legrand et Odette Sauvage, rue du Châtellier, proche de la Kommandantur. Le Dr Roger Bouchard vient régulièrement soigner la jambe de John Wagner. Le 27 septembre, deux autres aviateurs américains, Francis Anderson et William Boren, les rejoignent après être passés chez la famille Fleury.

       - Wendell McConnaha, James Bormuth, Edward Daly et Hobart Trigg, rue de Mouy chez Georges Fleury, alias « Carrière », responsable du secteur Centre-Oise de l’OCM.

Les aviateurs sont pris en photo afin d'établir leurs fausses cartes d'identité.

Legrand Sauvage

Edmond Sauvage (fils d’Odette),Odette Sauvage et Gaston Legrand

Fleury

Georges Fleury

chez Fleury 1943
A Clermont, chez la famille Fleury.
De g. à d. : Hobart Trigg, Jean Bourdon, Alain Fleury, Wendell Mc Connaha,

James Lartizien (étudiant en médecine), Edward Daly et James Bormuth.

     Témoignage d’Alain Fleury (19 ans en 1943), fils de Georges Fleury :

« …Comment passaient-ils leurs journées ? Ils mangeaient avec nous dans la salle. Quand quelqu’un venait, on essayait d’être assez discrets sans présenter les gars. Et puis on leur avait demandé de ne pas trop se faire voir quand ils étaient dans le jardin. Nous avions toujours peur malgré que ce soit bien entouré. Ils jouaient aux cartes entre eux et le soir ils dînaient avec nous. On essayait toujours d’agrémenter un peu le quotidien. Pour que çà devienne rigolo, on faisait des plaisanteries… Il y en avait qui étaient capables de se débrouiller en français et ils voulaient dire quelque chose d’agréable à ma mère. Alors nous avions appris à l’un d’eux de dire : "Chère Madame, je veux vous dire ‘On bouffe bien dans cette bicoque !!’"

Ils étaient bien baraqués… particulièrement Trigg surnommé « Big Bébé » qui était plutôt gourmand de nature. Un jour, ma mère a attrapé un gros pot de gelée de cassis dans le placard et l’a posé sur la table. Trigg prit le pot et versa tout le contenu dans son assiette. En deux trois mouvements, la gelée de cassis avait disparu et tout le monde s’est mis à rire… ! »

Aviateurs chez Fleury
Hobart Trigg (Big Bébé) portant sur ses épaules Jean Bourdon.
(Jean Bourdon dit « Petit Jean », réfractaire au STO, fit ensuite partie de la Résistance de Saint-Quentin.

Il fut assassiné fin août 1944 par une unité SS à Urvillers (Aisne) après avoir été horriblement mutilé).

     Des lapins élevés dans la cour finissent dans les assiettes au grand étonnement des Américains qui n’en ont jamais mangé auparavant. Le fromage à forte odeur reste aussi une expérience mémorable.

     Le 9 octobre, James Bormuth, Wendell McConnaha, Edward Daly et Hobart Trigg quittent Clermont et sont conduits dans un véhicule à Creil. Ils sont confiés à un guide avant de prendre un train pour Paris. Arrivés dans la capitale, les quatre aviateurs sont emmenés dans un appartement puis sont séparés. Ils sont désormais pris en charge par le réseau d'évasion Bourgogne.

     James Bormuth et Wendell McConnaha sont emmenés dans l’appartement de Madeleine Mélot, alias « Perrine » rue Larrey, dans le 5e, où ils rencontrent Gabrielle Wiame, alias « Marie » ou « Françoise ». Celle-ci les emmène le lendemain matin à Montreuil-sous-Bois où ils séjournent pendant deux nuits chez un homme qui avait travaillé dans le commerce de fourrures et qui avait vécu pendant 10 ans à New York.
Le 12 octobre, Gabrielle Wiame ramène les deux évadés chez elle, 46 rue Poliveau, Paris 5e.
Le 15 octobre, James Bormuth et Wendell McConnaha sont remis à Simone Besson qui habite un appartement dans le 17e arrondissement. Simone Besson a une sœur, Andrée, qui habite le même quartier. Toutes deux parlent anglais. Malgré le rationnement, elles partagent leurs repas avec les deux aviateurs mais elles partent ensuite pour la nuit chez Andrée.
Le 29 octobre, James Bormuth et Wendell McConnaha sont déplacés chez Pierre Chanez, à Gagny. Ils y restent jusqu'au 10 novembre, date à laquelle, vers 18 heures, René, le fils de Pierre Chanez, les ramène rue Emile Allez à Paris, chez Simone Besson.
Le 3 décembre, Geneviève Soulié vient leur rendre visite. Cette jeune fille de 21 ans est parfaitement bilingue, sa mère étant anglaise. Le lendemain elle conduit les deux aviateurs à la gare d'Austerlitz où ils rejoignent d'autres évadés américains, dont Warren Lush. Remis à un guide, ils prennent le train pour Toulouse puis pour Perpignan. Ils attendent alors pendant plusieurs jours une amélioration de la météo avant de poursuivre leur périple.
Finalement, le 9 décembre, ils sont remis à deux passeurs qui les mènent, dans un groupe d'environ 12 personnes, vers les montagnes pyrénéennes. Ils marchent la nuit et se cachent dans des buissons pendant la journée. Lors de la traversée de torrents, ils doivent retirer leurs vêtements afin de les garder secs. 
Après avoir progressé difficilement dans la neige et le froid et s’être parfois abrité dans des bergeries, le groupe parvient en Espagne dans la nuit du 10 au 11 décembre. Malheureusement, peu après le passage de la frontière, Wendell McConnaha glisse à flanc de montagne et disparait. (Son corps ne sera retrouvé que bien plus tard. Il repose aujourd'hui dans le cimetière militaire américain de Margraten, aux Pays-Bas).
Dévalant le versant espagnol, le groupe est appréhendé par la Garde Civile. Les aviateurs passent la nuit dans une maison délabrée avant d'être conduits le lendemain matin à Figueras. Ils passent deux nuits dans la prison de la ville.
Le 12 décembre, ils sont transférés au camp de Figueras où ils restent environ deux semaines.
 
Figueras

 

Libérés après l'intervention du consulat britannique puis américain, les aviateurs sont conduits à Gérone. Transférés ensuite à Madrid ils atteignent Gibraltar le 31 décembre. Le 4 janvier 1944, James Bormuth est de retour en Angleterre par avion. Le 29 janvier, il regagne les Etats-Unis, exerçant la fonction d’instructeur pour bombardiers jusqu’à ce qu’il soit libéré de l’Armée en août 1945.

     Séparés de James Bormuth et de Wendell McConnaha peu après leur arrivée à Paris, Edward Daly et Hobart Trigg sont hébergés chez Dora Rospape (britannique de naissance), rue du 29 juillet, 1er arrondissement, avant d’être confiés à sa cousine, Jeanne Rospape qui gère un hôtel-restaurant rue du Faubourg-Saint-Martin, dans le 10e. Le 19 octobre, le réseau subit une vague d’arrestations.
Par mesure de sécurité, Edward Daly et Hobart Trigg quittent Paris le lendemain. Ils sont emmenés par le train à Joigny (Yonne) puis atteignent le village de Bonnard, logeant dans différentes maisons. Du 25 novembre au 7 décembre, ils reviennent à Joigny chez Mme Varrey et son fils Roger qui est très impliqué dans la Résistance locale.
Le 7 décembre, Marcel Pillin, instituteur à Bonnard, les prend en charge. Hobart Trigg est cependant envoyé pendant 3 jours dans le village voisin de Beaumont avant de revenir à Bonnard. Ils sont ensuite emmenés chez Roger de Ternay, le curé de Chichery, puis reviennent le 30 décembre à Joigny, chez Mme Varrey. Ils restent dans l’Yonne jusqu’au 2 mars 1944, date à laquelle ils sont convoyés à Paris par une femme et un dénommé « Curly ».

Le soir-même, ils se rendent à la gare d’Austerlitz où ils se joignent à un groupe d’aviateurs britanniques et Américains. Ils arrivent à Bordeaux le 4 mars où Robert et Andrée Delbur les prennent en charge jusqu’au 30 mars, date de leur départ pour Pau. Avec un groupe d’évadés, Edward Daly et Hobart Trigg franchissent la frontière espagnole dans la nuit du 31 mars au 1er avril. Ils atteignent Gibraltar le 15 mai pour finalement atterrir en Angleterre le 21 mai 1944.                            

     Munis de faux-papiers d’identité fournis par Georges Fleury, Arthur Vetter, John Wagner et Warren Lush quittent Clermont le 12 octobre vers 13 heures 30, guidés par Alain Fleury et un autre homme. Arrivés à Paris, les trois aviateurs sont séparés et remis à d’autres guides dont Madeleine Mélot (une veuve de 60 ans, appelée par les aviateurs « The lady in black ») et Gabrielle Wiame. Arthur Vetter est emmené à Saint-Mandé chez Gérard et Geneviève Moët et leur fille Michèle âgée de 17 ans, John Wagner chez Madeleine Mélot, rue Larrey, Paris 5e et Gabrielle Wiame emmène Warren Lush chez la famille Bourry, rue Montmartre, Paris 1er, où il reste jusqu’au 4 décembre. Au cours des 8 semaines qu’il passe chez les Bourry, Warren Lush sort parfois pour visiter Paris accompagné par ses sauveteurs, se rendant même à un spectacle aux Folies Bergère.

     Madeleine Mélot, qui hébergea de nombreux aviateurs alliés, fut arrêtée par la Gestapo à son domicile le 19 novembre 1943. Emprisonnée pendant 6 mois à Fresnes, elle fut déportée en mai 1944 au camp de concentration de Ravensbrück. Elle fut libérée en avril 1945.

      Dénoncée, la famille Moet fut arrêtée le 28 avril 1944. Gérard Moët fut déporté et mourut à Buchenwald en mars 1945. Geneviève Moët et sa fille Michèle, furent déportées à Ravensbrück et survécurent à l’enfer concentrationnaire.  

     Pendant son séjour, Arthur Vetter est emmené avec quelques autres aviateurs pour une promenade dans Paris. Par défi envers l’ennemi, Jean Carbonnet, agent du réseau Bourgogne, filme discrètement les évadés déambulant parmi les troupes d’occupation au zoo de Vincennes.
 
ArthurVetterZooVincennes

Arthur Vetter au zoo de Vincennes au milieu de soldats allemands (Photo Michèle Moët-Agniel)

     Le 14 novembre, Michèle Moët amène Arthur Vetter au Jardin des Plantes où il rejoint d’autres évadés. Ils sont remis à un guide, Jean-Louis Kervévan, alias « Johnny », qui les emmène à la gare d’Austerlitz toute proche. Il les convoie jusque Toulouse puis Carcassonne. Remis à un autre guide, les aviateurs reprennent un train pour Quillan où ils attendent pendant trois heures dans un café l’arrivée du passeur qui les mènera vers la frontière espagnole. Le groupe comprenant 5 aviateurs et 6 Français parvient en Espagne le 18 novembre après plusieurs jours de marche harassante dans le froid glacial qui provoque des gelures aux pieds d’Arthur Vetter. Il atteint Gibraltar le 2 décembre et s’envole vers l’Angleterre dans la nuit du 10 au 11 décembre 1943.

     Après deux semaines, John Wagner est conduit dans l’appartement au 6e étage de Jean-François et Laure de Traz, rue de Miromesnil, Paris 8e. Le 30 octobre, le Dr Alice Willm, leur voisine, le confie à une jeune femme qui l’emmène chez Jeanne Delapraye, épicière rue Beaumarchais à Montreuil-sous-Bois, où il passe la nuit. Le lendemain soir, 31 octobre, une jeune fille le conduit en métro à la gare d’Austerlitz. Remis à un guide, John Wagner et son groupe d’évadés voyagent dans un train de nuit jusque Toulouse avant d’arriver à Perpignan vers 18 heures le lendemain. Deux filles prennent le relais et les accompagnent à bicyclettes pour rencontrer leurs passeurs. Ils passent la nuit et toute la journée du lendemain cachés dans des buissons avant de se mettre en marche vers la frontière à la tombée de la nuit et sous une pluie battante. Ils parviennent en Espagne le 4 novembre. John Wagner et une partie de son groupe sont arrêtés le 6 novembre par des soldats espagnols puis emmenés à Figueras où ils sont emprisonnés pendant 6 jours. L’intervention du Consulat permet leur libération. Ils sont transférés à Gérone, Saragosse, Alhama de Aragon, puis atteignent Madrid. Arrivé à Gibraltar le 28 novembre, John Wagner regagne finalement l’Angleterre le 3 décembre 1943.

     Dans la soirée du 4 décembre, Warren Lush est emmené à la gare d’Austerlitz où il se joint à un groupe d’aviateurs dont James Bormuth et Wendell McConnaha. Remis à un guide, les évadés prennent un train de nuit jusque Toulouse, puis un autre pour Narbonne avant d’arriver à Perpignan où ils rencontrent cinq autres aviateurs américains, deux Français et leurs deux passeurs. Le 9 décembre le groupe se met en marche vers la frontière espagnole qui est franchie dans la nuit du 10 au 11 décembre. Via Gibraltar, Warren Lush rentre en Angleterre par avion le 5 janvier 1944.        

     Après avoir été hébergé pendant deux jours à Senlis, Edward Fontaine est conduit le 4 octobre à Paris par Camille Fleury qui le loge à l’hôtel Bristol. Muni de faux papiers, il est convoyé le soir-même par Camille Fleury à son domicile à Toulouse où il reste environ deux semaines. Le 19 octobre, un jeune Français le conduit à Tarbes où il loge chez Paul Rouan.
Le 27 octobre il reprend un train pour Lourdes, accompagné par un officier français tentant lui-même de franchir les Pyrénées. A Lourdes, il est le seul Américain à se joindre à un groupe de 18 Français. Ils franchissent la frontière dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre.

Côté espagnol, le groupe est intercepté par la Garde Civile. Après avoir été emprisonnés, les évadés sont transférés le 12 novembre à Saragosse où Edward Fontaine entre en contact avec le Consulat américain. Il atteint finalement Gibraltar le 15 décembre avant de rejoindre l’Angleterre le 18 décembre 1943.

 

Juillet 2010 - Visite de Kathleen Bormuth, fille du 2nd Lt James Bormuth

 

 

Nous avons 26 invités et aucun membre en ligne

Conception, développement et formation,

Pyperpote -

Copyright ASAA.

Association des Sauveteurs d'Aviateurs Alliés -

Tous droits réservés