7 juin 2025
Cérémonie d’hommage à l’équipage du Halifax LK840,
en présence de descendants du Sgt William S. Sharratt.
Quinquempoix (Oise)
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Nous avons eu le plaisir d’accueillir les descendants du Sgt William Stanley Sharratt, à savoir son fils John et ses petits-fils Mark, Derek et Ross.
Venus de différentes régions d’Ecosse, ils ont pu découvrir, tout au long de cette journée, les différents lieux où leur aïeul avait été hébergé après qu’il se soit parachuté du bombardier Halifax LK840 dans la nuit du 22 au 23 juin 1944. S’ils savaient qu’il avait été capturé et qu’il avait été envoyé au camp de concentration de Buchenwald puis au Stalag Luft III, ils ignoraient totalement comment ils avaient été auparavant secouru et hébergé par les résistants dans l’Oise. « Notre grand-père na jamais parlé de la guerre. Nous n’avons jamais su ce qui lui était réellement arrivé. expliqua Mark.
Dans la matinée, la visite a débuté au château de La Borde, à Sains-Morainvillers où nous avons été chaleureusement accueillis. A l’époque il appartenait au Comte Jacques de Baynast et son épouse Colette qui était la sœur cadette de l’illustre futur Maréchal Leclerc. Ce fut pour William Sharratt l’avant-dernier lieu où il fut hébergé. Ravis de rencontrer ses descendants, Mme de Colnet (la petite-fille des de Baynast) et son mari nous ont fait visiter ce lieu chargé d’Histoire où de nombreux aviateurs alliés et de résistants ont été hébergés.
S’ensuivie une cérémonie officielle en hommage aux quatre membres de l’équipage qui reposent dans le cimetière de Quinquempoix. Quelques véhicules militaires d’époque étaient présents
Au milieu des nombreuses autorités présentes et de porte-drapeaux, toute l’assistance, se rassemblait à l’entrée du cimetière avant de se diriger, au son d’une marche militaire, auprès des tombes. La cérémonie protocolaire pouvait débuter.
M. Alain Baudin, maire de Quinquempoix, prit la parole, très honoré et fier d’accueillir la famille Sharratt particulièrement émue dans son village. Puis fut retracé l’historique de cette mission fatidique, les circonstances du crash et le destin des sept membres de l’équipage du Halifax par l’ASAA-Oise.
Ensuite Mark Sharratt, très ému, évoqua la vie de son grand-père, son discours étant traduit par notre ami Franck.
« Le 23 juin 1944, mon grand-père a fait partie de ceux qui ont été chanceux. Il a survécu et malgré un périple très effrayant, aidé initialement par la Résistance française puis, après être passé par le camp de concentration de Buchenwald, il a pu retrouver la liberté et rentrer au pays. A l’époque, sa petite amie (qui allait devenir ma grand-mère) ne reçut aucune nouvelle pendant 6 mois et présumait que mon grand-père était mort au combat. Je peux simplement imaginer son soulagement quand elle a finalement reçu un courrier de la Croix-Rouge stipulant qu’il était sauf mais prisonnier au Stalag Luft III. Peu après la guerre, ils se sont mariés et ont eu deux fils : John, mon père, et Ian qui a ensuite émigré en Australie. Pendant une vingtaine d’années, ils ont regardé leurs enfants grandir et devenir de jeunes hommes. Mon grand-père a eu une vie très heureuse et travaillait comme policier dans les villages du Lancashire. Mon père, en vacances, a rencontré un jour une très jolie écossaise. Ils sont tombés amoureux. Elle est devenue sa femme… et donc ma mère. Mon grand-père aimait emmener ma grand-mère chaque dimanche dans la campagne. Un certain dimanche de 1972, il s’est penché sur elle et lui a dit ‘J’aimerais tellement avoir des petits-enfants’. Malheureusement, en 1973, au cours du mariage d’un ami, il a succombé à une attaque cardiaque à l’âge de 56 ans. Il n’a donc jamais rencontré ses cinq petits-fils. Je suis le premier d’entre eux, né en 1974. Cela signifie tellement pour moi, tout comme pour mes frères Derek et Ross ainsi que Craig qui ne peut être présent aujourd’hui, d’être invités et accueillis ici et de partager l’histoire et l’aventure de mon grand-père. Je pense aussi à mon père qui n’avait que 26 ans lorsque mon grand-père est décédé. Et nous sommes ici, plus de 50 ans après, à commémorer sa vie et le destin de ses membres d’équipage. Ma grand-mère est décédée à l’âge de 102 ans. Lorsqu’elle a disparu, il y a trois ans, cette génération est partie et c’est ce qui a motivé mes frères et moi d’essayer d’en découvrir davantage sur la vie de mon grand-père. Nous avons d’abord visité le Stalag Luft III, en Pologne, et, là-bas, le directeur du Musée nous a parlé de l’expérience de mon grand-père au camp de concentration de Buchenwald. A ce moment-là, nous avons découvert à quel point il était proche de la mort. Il fut l’un des 168 aviateurs qui devaient être exécutés dans la semaine. Ils ont été sauvés par un Colonel de la Luftwaffe qui, heureusement, n’aimait pas les SS et les camps de concentration. Il a fait en sorte que les aviateurs soient transférés au Stalag Luft III.
Lors de ma visite du Musée, j’ai fait une petite vidéo que j’ai postée, pour ma famille, sur YouTube. Ensuite, deux historiens français ont envoyé un message : ‘Vous êtes les petits-fils de William Sharratt. Aimeriez-vous connaître son aventure en France ?’
Nous sommes donc ravis et honorés d'être ici pour découvrir la partie cachée de l'histoire de notre grand-père pendant la guerre.
Je voudrais remercier Franck et Dominique pour leurs recherches, le maire et le comité d'organisation de Quinquempoix pour cette cérémonie et, au nom de mon grand-père, tout le peuple français, qui s'est si bien occupé de lui avec gentillesse et compassion et qui l’a soutenu dans son périple vers la Liberté. Merci beaucoup ».
Puis M. Denis Pype (conseiller régional des Hauts-de-France) et Mme Nicole Cordier (conseillère départementale), M. Olivier Paccaud, sénateur, et Mme Claire Marais-Beuil, députée, se sont tour à tour exprimés. Ils ont évoqué le rôle essentiel, et parfois oublié, des aviateurs alliés, venus souvent de pays lointains, qui ont fait le sacrifice de leur vie afin que nous puissions vivre libres tout en rappelant à chacun de se souvenir du passé et de rester vigilant face aux nouvelles menaces qui grondent, de nos jours, en Europe.
Des gerbes de fleurs ont été successivement déposées sur les tombes des quatre membres de l’équipage. Après la sonnerie aux morts et la minute de silence, ont retenti les hymnes nationaux du Canada, de Grande-Bretagne et de la France.

portait les médailles militaires décernées à son grand-père.
Cette cérémonie s’est achevée par un moment de convivialité et d’échanges à la mairie du village. Une exposition, préparée par la municipalité, était présentée.
En début d’après-midi, la visite s’est poursuivie à Wavignies où nous avons été accueillis par le maire, M. André Renaux. Le château où fut hébergé William Sharratt par la famille Vincenot a été détruit avant la fuite des Allemands en 1944. Ne subsistent que quelques vestiges du mur d’enceinte et des pilasses ornées de motifs.

En 2010, la rue « Henri Vincenot » fut inaugurée.
Puis direction Ansauvillers où le maire, M. Dominique Dufresnes, nous a accompagnés. Avec l’aimable autorisation de la propriétaire actuelle, visiblement très émue d’apprendre qu’un aviateur avait été hébergé chez elle, nous avons pu visiter la maison où résidait la famille Hennon pendant la guerre. Entourés de hauts-murs en briques, le grand jardin pouvait certainement permettre à William Sharratt de « prendre l’air » à l’abri des regards indiscrets. A l’emplacement présumé où il fut photographié en juillet 1944, une photo a été reproduite avec ses descendants.

Ansauvillers
Attendus par M Philippe Gheeraert, maire de Le Mesnil-Saint-Firmin, nous nous sommes rendus à l’endroit où William Sharratt fut capturé. L’école par elle-même n’existe plus de nos jours. La salle de classe est devenue une habitation. Grâce à une habitante du village venue avec d’anciennes photos de classes, nous avons pu découvrir le visage de l’institutrice, Christiane Cauvel, au milieu de ses élèves.

La famille Sharrat devant l’ancienne école avec M. Philippe Gheeraert.
Cette magnifique journée s’est terminée par un retour à Quinquempoix selon le souhait de la famille Sharratt, d’abord de nouveau dans le cimetière puis à proximité du lieu du crash du Halifax.