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Nuit du 2 au 3 septembre 1942

 

Vickers Wellington MkII Z8529

PH-U

                                                

Squadron 12

Royal Air Force

 

Léglantiers (Oise)

 

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12Squadron 

 

     Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1942, 200 bombardiers de types Lancaster, Halifax, Wellington, Stirling et Hampden appartenant à divers Squadrons de la Royal Air Force s’élancèrent depuis leurs bases disséminées en Angleterre pour une mission de bombardement stratégique. Leur objectif, désigné par le Bomber Command, était la ville de Karlsruhe, en Allemagne, plaque tournante du trafic ferroviaire et un port important sur la rive orientale du Rhin.

     Le Bomber Command de la RAF appliquait à cette époque la doctrine de l’Area Bombing (le bombardement de zone) consistant à concentrer les bombes sur les quartiers centraux des villes vulnérables aux incendies, à briser le moral de la population tout en atteignant les objectifs industriels. Dans les soutes des appareils, outre les bombes explosives et incendiaires destinées à être déversées sur la ville, avaient également été chargées, et pour la première fois au cours de cette mission, des bombes Blockbusters à haut pouvoir de destruction pesant plus de 3 tonnes chacune.

     Participaient à ce raid 10 bimoteurs Vickers Wellington du Squadron 12 qui décollèrent de la base de Binbrook (Lincolnshire) à partir de 22 heures 45. Parmi ces appareils, le Wellington MkII Z8529. Aux commandes, un jeune pilote australien de 22 ans, le Flight Sergeant Colin Albert Alt qui effectuait, cette nuit-là, sa 13e mission.

     L’équipage du Wellington Z8529 :

F/S Colin Albert ALT

Pilote

Australien

Sgt William Burman HOLLAND

Navigateur

Britannique

Sgt John Innes Montgomery LOGAN

Observateur/bombardier

Rhodésien

F/S Francis Edward MONCKTON

Opérateur-radio

Australien

Sgt John Joseph FOLEY

Mitrailleur arrière

Britannique

 

MONCKTON

F/S Francis E.Monckton

     La force d’'attaque se présenta au-dessus de la ville vers 2 heures du matin. Cette nuit-là, la Royal Air Force appliqua pour la première fois une nouvelle tactique appelée Pathfinder Procedure. Des appareils évoluant en avant des formations de bombardiers « illuminaient » la cible avec des fusées éclairantes leur permettant de repérer plus rapidement les docks bordant le Rhin, les usines et l’important centre ferroviaire. Le largage des bombes s’effectua d’une altitude comprise entre 4 000 et 5 000 mètres. La partie ouest de la ville fut particulièrement endommagée. Ce raid nocturne s’avéra être un succès. Les reconnaissances photographiques démontrèrent que la cité industrielle allemande était ravagée par plus de 200 incendies. Leurs fumées s’élevèrent jusqu’à une altitude de 2 500 m. L’attaque occasionna la mort de 73 civils et plus de 700 blessés.

     Au cours de cette mission, la Royal Air Force subit des pertes. Huit bombardiers (4 Wellington, 2 Lancaster, 1 Halifax et 1 Stirling), ne regagnèrent par leurs bases, victimes de l’artillerie antiaérienne ou de la chasse de nuit allemande.

     Le Wellington Z8529 du Squadron 12 fit partie des appareils abattus lors de ce raid.

     Au retour de la mission sur Karlsruhe et se dirigeant vers l’Angleterre à une altitude d’environ 2 800 mètres, il fut attaqué au dessus de la France par un Junkers 88, un chasseur de nuit très redoutable.

     Le F/S Colin Alt, aux commandes du Wellington, entama immédiatement plusieurs manœuvres toute en prenant de l’altitude afin d’échapper aux tirs de l’appareil ennemi. Alors que le bombardier poursuivait son ascension à la limite du décrochage, l’attaque cessa. Le chasseur de nuit avait soudainement disparu. Le pilote décida alors de faire plonger son appareil en spirale jusqu’à une altitude de 1 800 mètres et mit de nouveau le cap sur l’Angleterre.

     Pendant un certain temps, le danger semblait écarté jusqu’à ce que le Sgt John Foley, le mitrailleur arrière, signale par l’interphone avoir aperçu de nouveau un avion ennemi légèrement au-dessus d’eux. Le F/S Alt décida cette fois de redescendre à environ 300 mètres d’altitude, afin d’éviter d’être détecté par le radar équipant le chasseur de nuit.

     Evoluant désormais à très basse altitude, l’hélice du moteur gauche heurta soudain la cime des arbres, occasionnant immédiatement de fortes vibrations à l’intérieur du Wellington. Le pilote redressa l’appareil puis décida de couper les gaz du moteur endommagé mais il s’avérait désormais difficile de contrôler le bombardier avec un seul moteur. Les chances de pouvoir regagner l’Angleterre s’amenuisaient fortement. Le pilote informa son équipage de se préparer à un atterrissage forcé. Sous la faible clarté de la lune, les champs et les secteurs boisés défilaient rapidement sous les ailes de l’appareil.

     Finalement, le F/S Alt posa en catastrophe le Wellington dans un champ à proximité du bois de Léglantiers. L’appareil glissa au sol et la partie frontale vint se fracasser dans des arbres bordant le champ.

crash

Lieu du crash

     Le pilote perdit momentanément connaissance lors de l’impact. Après avoir repris conscience, il parvint à s’extraire du cockpit et découvrit le corps sans vie du F/S Francis Monckton enchevêtré dans la carcasse de l’avion. Il avait été tué sur le coup. Le Sgt John Logan avait survécu au crash. Il était conscient mais avait une jambe immobilisée à l’intérieur de sa tourelle. Le pilote, toujours dans un état second, tenta de le dégager mais en vain. William Holland, malgré une clavicule cassée, et John Foley parvinrent à s’extraire de la partie arrière de l’appareil et rejoignirent Colin Alt. L’appareil était sur le point de s’embraser. Les trois aviateurs n’eurent d’autres choix que de s’en éloigner et se dissimulèrent dans un renfoncement du bois. Le Sgt John Logan, âgé de 19 ans, trouva alors une mort horrible au milieu des flammes.

     Les Allemands arrivèrent sur les lieux environ 30 minutes plus tard et découvrirent parmi les débris les corps sans vie de Francis Monckton et de John Logan. Tous deux furent inhumés par les Allemands quelques jours plus tard dans le cimetière de Beauvais-Marissel. Ils y reposent toujours de nos jours.

     Plusieurs heures plus tard, à proximité du lieu du crash, un Français vint à la rencontre des trois survivants en leur conseillant de rester sur place. Quelqu’un les contacterait avant la nuit suivante. Pendant ce temps, ils pouvaient observer les troupes allemandes aller et venir près de l’épave de leur avion.

     Au cours des jours suivants, le Wellington, dont la partie arrière se trouvait dans le champ, fut totalement démantelé par les Allemands.

     Après une longue attente, personne ne se présenta. Les trois aviateurs décidèrent finalement de s’éloigner du lieu du crash. Se déplacer dans la nuit s’avéra difficile. William Holland souffrait beaucoup de sa blessure. Quelques heures plus tard ils décidèrent d’attendre le lever du jour et se débarrassèrent de leurs insignes. Ils n’avaient aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient. A l’aube, à l’aide d’une petite boussole contenue dans leur kit d’évasion, ils reprirent leur marche en se dirigeant vers le sud. Ils atteignirent une voie ferrée où ils rencontrèrent deux cheminots. Les trois aviateurs apprirent alors qu’ils se trouvaient près de Saint-Just-en-Chaussée.

     Livrés à eux-mêmes pendant plusieurs jours sans bénéficier d’une aide significative, ils tentaient toujours de se diriger vers le sud. Ils rencontrèrent des Français et apprirent que les Allemands recherchaient activement les aviateurs tombés dans la région. Des affiches avisaient la population des lourdes sanctions qu’elle encourait si elle venait en aide aux aviateurs alliés.

Note : En 1942, les filières d’évasion n'étaient pas encore bien établies. Ceci explique certainement pourquoi les aviateurs n'ont pas bénéficié d'une aide plus conséquente dans notre région. Les filières d’évasion seront bien plus organisées fin 1943 et au cours de l’année 1944 lorsque davantage d’aviateurs alliés tomberont dans le département.

     Le 10 septembre, parvenus dans le secteur de Sainte-Geneviève (à environ 40 km du lieu du crash), ils arrivèrent près d’une grange et décidèrent d’y passer la nuit. Environ 30 minutes plus tard, ils entendirent au dehors l’arrivée d’un camion. Six soldats allemands accompagnés d’un officier surgirent et commencèrent à fouiller la grange. Les trois aviateurs furent découverts et capturés. (Ont-ils été dénoncés ?)

     Ils furent emmenés sur une base aérienne (certainement celle de Beauvais-Tillé) puis dans une prison où ils furent brièvement interrogés. Ils furent ensuite transférés à la caserne Agel de Beauvais pour être de nouveau questionnés, ne donnant que leurs noms, grades et matricules. Le lendemain ils furent emmenés à Paris puis transférés au Dulag Luft d’Oberursel, près de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Dans ce camp de transit, ils furent maintenus à l’isolement en cellules pendant une ou deux semaines et soumis à de nouveaux interrogatoires.

     En octobre 1942, Colin Alt, William Holland et John Foley furent envoyés au Stalag VIII B (redésigné Stalag 344 en novembre 1943) près de Lamsdorf, (de nos jours Lambinowice, en Pologne). Fin janvier, début février 1945, en raison de l’avancée des troupes soviétiques, ils furent déplacés vers l’ouest, en Allemagne, d’abord au Stalag VIII A de Görlitz, puis au Stalag XI B de Fallingbostel où ils furent finalement libérés par l’Armée britannique le 16 avril 1945 après deux ans et demi de captivité.

     Colin A. Alt ne pilota plus jamais un avion après la guerre. Il décéda en mai 2015 à l’âge de 95 ans.

 FMONCKTON  LOGAN

Cimetière de Beauvais-Marissel - Tombes du F/S Francis Monckton et du Sgt John Logan.

 30-31 juillet 2023 - Visite de Rosalind Brice, fille du F/S Colin A. Alt. 

 

 

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