Georges FLEURY
Georges Fleury
Georges Fleury est né le 8 janvier 1890 à Caen (Calvados).
Démobilisé en 1919 après avoir combattu lors de la Grande Guerre, il vint s’établir à Rémécourt (Oise). Il reprit l’exploitation de ses beaux-parents avant de faire carrière dans l’Administration en tant que greffier de la Justice de Paix. Il fut élu maire de Rémécourt en 1920. Il le restera jusqu’en 1944.
Le 10 mai 1940, les Armées allemandes déferlaient sur la France. C’était la débâcle. En quelques semaines, la France était défaite et l’armistice était signé.
Le 18 juin, dans son Appel émis sur les ondes de la BBC, le général de Gaulle appelait à la poursuite du combat. Georges Fleury, son épouse Rachel, ses enfants, France-Raphaëlle, Alain et Annette refusèrent la défaite et s’impliquèrent immédiatement dans le combat de l’ombre contre l’occupant.
Dès lors, Georges Fleury commença à recruter, au fil des mois, des hommes et des femmes de toutes conditions sociales, connus pour leur patriotisme afin de nuire aux intérêts allemands. Il s’employa à récupérer les armes abandonnées au cours de la débâcle et fit constituer un stock d’explosifs.
Des réunions clandestines étaient aussitôt organisées à son domicile de la rue de Mouy à Clermont (Oise). Sous le pseudonyme de “Carrière”, il organisa la distribution de tracts et de journaux clandestins, l’évasion de prisonniers français, la fabrication de faux-papiers et envisagea l’installation de postes-émetteurs avec l’aide du Lieutenant-radio de la Marine, Jean Corroyer.
En 1942, avec l’appui de médecins du secteur, Georges Fleury s’employa à soustraire les jeunes Français au Service du Travail Obligatoire (S.T.O.). Il organisa le placement des réfractaires, assura leur ravitaillement et distribua les tickets de rationnement.
Fin 1942, deux officiers de réserve, Marcel Sailly et Roland Delnef de la branche “Armée Secrète”, professeurs à l’Ecole Normale Professionnelle de Creil, contactèrent Georges Fleury. Ils lui demandèrent de travailler avec eux et de prendre une responsabilité au sein du mouvement de Résistance.
A partir d’avril 1943, Georges Fleury effectua des premières liaisons-radios avec Londres grâce à des opérateurs-radios venus d’Angleterre. Des parachutages d’armes et de matériels furent réceptionnés sur des terrains qu’il avait organisés dans la région. L’atterrissage nocturne de petits avions venus d’Angleterre permettait également l’échange de personnels et la transmission rapide de documents importants.
Tout au long de l’année 1943, des groupes armés étaient constitués dans de nombreux villages du Clermontois. Des opérations de sabotage de matériel ferroviaire étaient effectuées notamment à Clermont, Liancourt, Mouy, Saint-Just-en-Chaussée et Estrées-Saint-Denis. Des sabotages du réseau téléphonique souterrain eurent lieu avec le concours de sympathisants des Ponts-et-Chaussées et des P.T.T. Des contacts, noués avec des gendarmes, permettaient d’anticiper les actes de répression de la Police allemande.
L’offensive aérienne alliée sur l’Allemagne et les territoires occupés s’intensifiait nuit et jour. Le département de l’Oise était survolé quotidiennement par d’immenses vagues de bombardiers. La défense antiaérienne et la chasse allemande ripostaient aux attaques. Des aviateurs tombaient du ciel dans notre région. Georges Fleury et sa famille hébergèrent plus d’une quinzaine d’aviateurs alliés qu’il fallait nourrir, habiller et pour lesquels il fallait établir de faux-papiers.
Alain Fleury et sa sœur France-Raphaëlle se souvenaient de quelques anecdotes.
Alain Fleury :
"…On essayait toujours d’agrémenter un peu et on faisait des plaisanteries. Parmi les aviateurs certains étaient capables de se débrouiller en français et l’un d’entre eux voulait dire quelque chose d’agréable à ma mère. Des camarades qui passaient de temps en temps lui ont appris une phrase et un jour il a dit ‘Chère Madame, je veux vous dire, on bouffe bien dans cette bicoque !’. Tout le monde s’est mis à rigoler”.
France-Raphaëlle Fleury :
“… Un jour ma mère attrapa un gros pot de gelée de cassis dans le placard et elle le mit sur la table. L’un des aviateurs, que nous surnommions ‘Big bébé’, prit le pot et hop, il le renversa dans son assiette. En deux trois mouvements, le gros pot de gelée de cassis avait disparu et tout le monde riait… “
Un certain nombre de ces aviateurs provenaient ou furent remis au réseau “Alsace” dirigé et organisé par Gilbert Thibault à Auneuil. Les trois enfants de Georges Fleury se chargeaient parfois de les convoyer jusque Creil ou bien Paris. Des contacts convenus dirigeaient ensuite les évadés sur les chemins risqués menant vers la Liberté, via l’Espagne ou la Bretagne avant qu’ils puissent rejoindre l’Angleterre.
En février 1944, Georges Fleury rencontrait le Commandant Fromonot qui organisait les Forces Françaises de l’Intérieur dans le département de l'Oise. Le mois suivant, 650 hommes étaient recensés et armés au sein d’une vingtaine de groupes autour de Clermont. Georges Fleury prenait alors la responsabilité du secteur Centre-Oise de l’O.C.M.
Le 6 juin 1944, les Armées alliées débarquaient sur les plages normandes. La Libération tant attendue n’était plus alors qu’une question de semaines. L’Armée allemande commençait à battre en retraite mais la répression s’accentuait.
Le 6 août 1944, Jean Corroyer, adjoint de Georges Fleury, était assassiné devant son domicile à Clermont par des Miliciens à la solde de la Gestapo. Sa femme Léonie et son fils Guy étaient arrêtés. Ils mourront en déportation. Ce jour-là, la famille Fleury échappa de justesse à l’arrestation et se réfugia chez des familles amies. Pendant ce temps Roger Folliot se chargea de faire disparaître les papiers compromettants se trouvant dans la maison de la rue de Mouy. Georges Fleury continua malgré tout à commander le secteur grâce aux officiers parachutés, aux radios, aux agents de liaison et participa à diverses actions de sabotages contre l’ennemi.
Le 18 août 1944, en gare de Vieux-Moulin et en compagnie d’un agent du secteur de Compiègne, Georges Fleury détruisit deux rames de wagons destinés à transporter vers l’Allemagne des internés du camp de Royallieu.
La Libération approchant, dans la semaine du 25 au 31 août 1944, il rassembla trois groupes fortement armés sous son commandement, sur ordre du Colonel Monturat, chef départemental.
Dans la nuit du 31 août 1944, il attaqua une batterie allemande à Saint-Aubin-sous-Erquery. Les Allemands parvinrent à s’enfuir dans l’obscurité, laissant quatre prisonniers, 300 chevaux et un train de combat.
Le 1er septembre, après quatre années d’asservissement, la ville de Clermont était libérée par la 79e Division d’Infanterie américaine.
Clermont, 1er septembre 1944 - Des GI’s sur la place Descuignières.
Georges Fleury fut nommé sous-préfet de Clermont dès la Libération, fonction qu’il occupera jusqu’en janvier 1948 avant de devenir Secrétaire Général de la Préfecture de Beauvais jusqu’en 1954. Il sera ensuite nommé Sous-préfet d’Argentan jusqu’en 1957.
Georges Fleury est officiellement proclamé Sous-préfet de Clermont par Yves Pérony, nouveau préfet de l’Oise.
1er novembre 1944 – Georges Fleury lors d’une cérémonie en hommage à son adjoint Jean Corroyer.
Le Sous-préfet Georges Fleury
Cet homme, aux grandes qualités humaines, fut une grande figure de la Résistance dans le département de l’Oise et un grand serviteur de l’Etat. Georges Fleury s’est éteint en août 1959.
Croix de Guerre 1914-1918
Croix de Guerre 1939-1945 avec Palme
Officier de la Légion d’Honneur
Médaille de la Résistance
Officier des Palmes Académiques
Titulaire de plusieurs distinctions alliées dont la Medal of Freedom
Georges Fleury, la Résistance à Clermont. Réalisation Olivier Lallart (2024)