20-21 mai 2017
Léglantiers, Saint Just-en-Chaussée, Wavignies
Froissy, Crèvecœur-le-Grand (Oise)
Visite de la famille du S/Sgt Louis I. WATTS
Au cours du mois de mai, nous avons eut le grand honneur et le plaisir d’accueillir sept membres de la famille Watts en provenance des états de l’Arkansas et de Caroline du Nord. En effet Louis W. et Peggy Watts, Michael et Lynnette Watts, Vicki Olsen, ainsi que Louis M. et Anna Watts, nous ont honorés de leur visite. Louis W., Michael et Vicki, sont les enfants du S/Sgt Louis I. Watts secouru dans notre région en 1944 tandis que Louis M. est son petit-fils.
Le déroulement de cette visite n’aurait pu se réaliser sans l’important travail de recherches de nos deux amis Pascal Pollet et Franck Signorile qui permirent, dans un premier temps, d’établir le contact avec la famille Watts aux Etats-Unis et de retracer tout le parcours de l’équipage, sans le concours des différentes familles françaises (Bègue, Boisselin, Desesquelles, Liebbe, Radziminski, Ropital), impliquées dans le sauvetage des aviateurs et sans l’excellent accueil organisé par chacune des municipalités concernées.
20 mai
La première étape de cette visite nous menait sur la place du village de Léglantiers. C’est en effet aux abords de ce village que le bombardier B-26 “Marauder” à bord duquel se trouvait le S/Sgt Louis I. Watts s’était écrasé le 10 mai 1944.
A la grande surprise de la famille américaine, nous attendaient nos amis des Associations “N’Oublie Pas 44” et du “Club du Loisir Historique” venus avec leurs véhicules d’époque. Ce surprenant rassemblement n’était pas sans rappeler aux plus anciens le temps de la Libération.
"Rassemblement des troupes" à Léglantiers
Superbe "Plymouth" d'époque.
Le long cortège prenait ensuite la direction du lieu du crash de l’appareil où tout le monde se rassemblait.
Un panneau constitué de divers petits débris du B-26 “Marauder” était présenté à la famille Watts.
Présent parmi nous, Mr Legros avait 7 ans en 1944. Il évoqua ses souvenirs de cette journée du 10 mai 1944 lorsqu’il vit le bombardier endommagé survoler le village à très basse altitude et s’écraser. “Je n’ai pas vu de parachutes et nous pensions tous qu’il s’agissait d’un avion allemand. Les troupes ennemies sont arrivées rapidement sur les lieux…Nous avons ensuite appris que l’appareil était Américain…”
Bruno Jurkiewicz, natif de Léglantiers, nous raconta les souvenirs légués par sa mère “Ce jour-là, elle se trouvait sur cette petite route. L’appareil s’est écrasé à quelques centaines de mètres d’elle. Elle a vraiment eu très peur. Elle aussi pensait qu’il s’agissait d’un avion allemand… !”
Bruno Jurkiewicz et Mr Legros en compagnie de Louis, Michael et Vicki, fils et fille du S/Sgt Louis I. Watts.
Un ronronnement se fit soudain entendre dans le ciel au loin. En hommage aux aviateurs américains, le site du crash était survolé à plusieurs reprises par notre ami Bruno Maillard.
La longue cohorte de véhicules prenait ensuite la direction de Saint-Just-en-Chaussée, seconde étape de la visite.
Entre les villages de Léglantiers et de Ravenel, un court arrêt fut effectué au bord d’un champ où l’un des trois évadés du “Marauder” avait atterri en parachute et avait été secouru.
Louis M. Watts méditatif au bord du champ où son grand-père a possiblement atterri.
A Saint Just-en-Chaussée, une première halte fut effectuée devant la maison où demeurait Jean Crouet. Cette demeure est le premier lieu identifié où le S/Sgt Louis Watts et le Sgt William Edge furent hébergés, amenés là par le Dr Edmond Caillard. Le 12 mai 1944, les deux aviateurs quittèrent Saint Just-en-Chaussée à destination de Froissy, convoyés par Marc Cuny. Notre visite à Froissy était cependant programmée pour le lendemain.
L’ensemble de la famille Watts devant le domicile de Jean Crouet.
Les moteurs remis en marche, nous nous apprêtions à nous rendre dans le bas de la rue de Paris, où se situait la maison d’Yvonne Fossier et de son compagnon Paul Bègue.
Surprise de voir autant de véhicules américains et de GI’s dans les rues de la ville, des personnes vinrent à notre encontre. Elles se présentèrent comme étant les descendants d’une famille qui avait hébergé des aviateurs américains pendant la guerre. Quel ne fut pas notre étonnement et notre grande joie d’apprendre qu’il s’agissait des filles d’Yvonne Fossier !! C’était tout à fait inattendu !
Il est parfois des jours où l’expression “le hasard fait bien les choses” porte vraiment bien son nom, au grand ravissement de tous et particulièrement de la famille Watts et des enfants d’Yvonne Fossier. En effet, leur père, mais également Joseph Houlihan et William Edge firent partie des aviateurs hébergés, malgré tous les risques, par cette valeureuse famille Saint Justoise au début du mois de juin 1944. Quelques jours plus tard, Watts et Houlihan furent transférés à Wavignies, de nouveau par Marc Cuny, tandis que le Sgt Edge restait sur place.
Désormais tous rassemblés dans la cour où se trouvait la maison (aujourd’hui disparue) de la famille Fossier-Bègue, nous avions également le grand honneur de rencontrer Lucien Bertin.
Jeune résistant, Lucien Bertin était âgé de 17 ans en 1944 et habitait à Wavignies. Sur ordre de Georges Jauneau, chef de la Résistance du secteur, il avait trouvé temporairement refuge chez Yvonne Fossier tandis que son village semblait sous la surveillance de l’ennemi.
Lucien Bertin fut par conséquent témoin du séjour des trois aviateurs américains dans les premiers jours du mois de juin 1944. Une photo avait d’ailleurs été prise en toute discrétion à l’époque en leur compagnie dans la cour de la maison.
l’une des filles d’Yvonne Fossier
Ayant regagné quelques jours plus tard son village, Lucien Bertin et ses parents participèrent au sauvetage en recueillant et en hébergeant deux aviateurs britanniques, seuls survivants de leur bombardier tombé près de Wavignies.
Cette visite sur le lieu d’hébergement Saint Justois du S/Sgt Louis I. Watts et de ses deux camarades d’équipage en compagnie de leurs sauveteurs ne pouvait s’achever sans prendre quelques photos “historiques”. Sensiblement au même endroit, le cliché de 1944 était reproduit avec les descendants à la fois de l’aviateur Louis Watts et d’une partie de ses sauveteurs. Un instant de grande émotion pour tous et particulièrement pour Lucien Bertin qui, 73 ans après, côtoyait les descendants de l’un des aviateurs qu’il avait rencontré.
Lucien Bertin avec les familles Watts et Bègue.
En début d’après-midi, la visite se poursuivait à Wavignies. Dans la rue Vincenot où se situait jadis le château détruit par les Allemands, nous avons été chaleureusement accueillis par le maire, Mr André Renaux, son conseil municipal et la population du village.
Mr Renaux prenant connaissance de divers documents liés au sauvetage des aviateurs.
Un rappel sur le rôle important du groupe de Résistance de Wavignies était évoqué. Nombre d’aviateurs alliés furent hébergés par différentes familles du village. Louis Watts et Joseph Houlihan en compagnie d’un pilote de chasse américain, le 2nd Lt Harry Hunter, séjournèrent du 7 au 28 juin 1944 chez Antoinette Dhuyvetter. Quelques jours après leur départ, les Allemands cernaient le village, procédant à de nombreuses arrestations aux conséquences dramatiques.
Geneviève Le Berre, convoyeuse d’aviateurs du réseau d’évasion “Bourgogne” s’était jointe à nous.
Notre visite se poursuivait par une rapide visite de la maison où demeurait Antoinette Dhuyvetter. Bien que les lieux aient été beaucoup rénovés, c’était avec un grand intérêt que la famille Watts découvrait ce lieu où leur père avait été hébergé pendant trois semaines, 73 ans auparavant.
Toute l’assistance se rassemblait ensuite autour du monument aux morts où une cérémonie était organisée. Un hommage était rendu, par le maire et notre Association, aux nombreux résistants et sauveteurs d’aviateurs du village tombés pour la France suivi des hymnes nationaux américains et français.
Dépôts de gerbes au monument aux morts.
Cette journée allait s’achever par une réception officielle à la salle des fêtes de Wavignies. Lors de son discours et au nom de la municipalité, Mr André Renaux exprimait toute sa fierté et sa grande émotion d’accueillir les membres de la famille Watts. “… Aujourd’hui, la présence de cette famille américaine marque fortement le devoir de mémoire que nous devons transmettre à nos enfants et petits enfants…”
Le périple de l’aviateur était ensuite retracé, notamment son séjour à Wavignies en juin 1944, avant de conclure par ces mots “Nous n’oublierons jamais que les Etats-Unis d’Amérique ont été au côté de la France quand elle a été agressée et envahie. Nous aurons toujours une dette à leur égard”.
Très émus, les enfants et le petit-fils du S/Sgt Watts se voyaient ensuite remettre la médaille du village en souvenir de leur visite.
Après quelques mots de remerciements de Louis W. Watts au nom de sa famille et aussi très fier que son père et sa famille soient ainsi honorés, cette réception s’achevait par le traditionnel verre de l’amitié dans une ambiance très conviviale.
21 mai
Pour cette nouvelle journée, la destination était Froissy ! La visite débuta en nous rendant dans l’ancienne bourrellerie d’Eugène Ropital où Louis Watts et Joseph Houlihan furent hébergés pendant trois semaines en mai 1944. Chaleureusement accueillis par les propriétaires de la maison, la famille Watts, entourée des descendants des familles Ropital mais aussi Boisselin et Radziminski, pouvait découvrir l’ancienne grange et la cache aménagée à l’étage où étaient dissimulés les aviateurs.
Les familles Watts et Ropital.
La visite se poursuivait à quelques centaines de mètres de là, dans l’ex-maison de Jean Boisselin où William Edge avait été hébergé. Ancien “Magasin de Nouveautés”, la bâtisse a depuis été rénovée mais il était émouvant pour tous, particulièrement pour la famille Boisselin, de redécouvrir les lieux de leur enfance.
Photo souvenir dans le jardin de la maison avec les familles Boisselin et Ropital.
Mme Sabbagh, maire du village, et l’ensemble de sa municipalité, avait organisée une réception officielle en l’honneur de la visite de cette famille américaine sur les lieux où leur père et grand-père avait été recueilli, en dépit des risques, par des membres de la Résistance locale.
Après avoir évoqué le parcours de Louis Watts et de ses compagnons d’équipage, Mme Catherine Sabbagh poursuivait par ces mots : “…Aujourd’hui est un grand jour ! Nous célébrons ensemble ces temps glorieux quand votre père transportait des bombes sous les ailes de son avion pour stopper l’invasion allemande. Mais en fait, il ne transportait pas uniquement des bombes, il apportait avant tout la Paix et la Fraternité. Nous ne l’oublierons jamais !...”
Mme Sabbagh, maire de Froissy
Après les hymnes nationaux, la municipalité de Froissy remettait à la famille Watts des photos des lieux du village où les aviateurs avaient été recueillis.
Au nom de toute sa famille, Vicki, fille de Louis Watts, remerciait chaleureusement l’ensemble de la municipalité ainsi que toutes les personnes présentes, très ravie également d’avoir l’opportunité de remercier toutes les familles françaises qui avaient secouru son père. “…Notre père aimait le peuple de France et il a transmis cette affection à ses enfants… Il parlait peu de la guerre mais évoquait souvent les braves personnes de la Résistance qui avaient risqué leurs vies pour l’héberger ainsi que des milliers d’autres soldats alliés… Il aimait tant la ‘Marseillaise’ qu’elle a été joué le jour de ses obsèques en 1984…”
Cette chaleureuse réception se concluait par le traditionnel verre de l’amitié et quelques photos-souvenirs.
Avant de nous diriger vers Crèvecœur-le-Grand, une halte était effectuée dans le village de Puits-la-Vallée où le séjour des aviateurs Louis Watts et Joseph Houlihan était évoqué.
Puits-la Vallée
Crèvecœur-le-Grand était l’étape finale de la visite de la famille Watts. Une rencontre très émouvante était organisée, dans la cour de l’ex “Garage Moderne”, avec Jean-Mary Liebbe.
Ancrés dans sa mémoire, les souvenirs de Jean-Mary Liebbe, âgé de 8 ans à l’époque, étaient des moments d’autant plus précieux. Très modeste mais également très fier de rencontrer les enfants de l’un des aviateurs hébergés par ses parents en juillet 1944, il témoigna du rôle très actif de sa famille au sein de la Résistance pendant cette terrible période de l’Occupation au cours de laquelle il était si risqué de venir en aide aux libérateurs tombés du ciel.
Jean-Mary Liebbe
Au pied de l’imposant Hôtel de ville paré aux couleurs américaines, la famille Watts était ensuite accueillie par la municipalité de Crèvecœur-le-Grand, dirigée par son maire Mr André Coët. Nombre d’élus régionaux et départementaux nous honoraient de leur présence.
En guise de bienvenue, le Conseil Municipal des Jeunes marquait aussi sa présence en déployant un amical “Welcome”.
La réception officielle se tenait à l’étage, dans la magnifique salle François 1er reconvertie en salle des mariages. Séjournant à Crèvecœur-le-Grand, le Roi de France y dormit en 1520.
Dans son discours, le maire, Mr André Coët, retraça le parcours d’évasion du S/Sgt Louis I. Watts qui l’amena à séjourner à Crèvecœur-le-Grand. Il rendit également hommage aux nombreux habitants de cette bourgade qui n’hésitèrent pas à risquer leur vie en recueillant des aviateurs alliés tout au long du conflit. La répression allemande était alors implacable.
Prenant ensuite la parole, Mr Olivier Dassault, député de l’Oise et petit-fils du célèbre avionneur, rappela les liens et la solide amitié qui ont toujours unis les Etats-Unis et la France dans les périodes difficiles de l’Histoire. Apprenant que la famille Watts arrivait en grande partie de Little Rock, il ne manqua pas de mentionner qu’une filiale du Groupe Dassault Aviation est implantée dans cette ville de l’Arkansas.
Mr André Coët assisté de Mme Garault pour la traduction. Le député Olivier Dassault
Les élus se partagèrent ensuite l’honneur de remettre à l’ensemble de la famille Watts la médaille de la ville de Crèvecœur, symbole de reconnaissance envers leur père et grand-père.
Vicki recevant la médaille de la ville des mains du député Olivier Dassault.
Après des mots de remerciements de la part de la famille Watts, un diplôme, signé du Gouverneur de l’Arkansas exprimant toute sa gratitude envers la population de Crèvecœur venue en aide au S/Sgt Louis Watts, était offert à la municipalité.
Le diplôme du Gouverneur
Tout le monde était ensuite invité à se rendre à la salle de réception. En guise de bienvenue, la chorale Saint Nicolas entonna quelques chants du répertoire classique et patriotique ainsi que quelques airs américains tout à la joie de nos hôtes.
Cette magnifique journée s’achevait une nouvelle fois par le traditionnel verre de l’amitié.
La Chorale Saint-Nicolas
Cette visite inoubliable fut très émouvante pour la famille Watts. Elle a pu retracer, pendant ces deux jours, le chemin qui avait mené leur père et grand-père vers la Liberté. Les nombreuses rencontres leur ont permis de remercier avec profondément de gratitude les descendants des familles de notre région qui vinrent en aide à l’aviateur en 1944.